Appel du SNESUP à une refonte de la politique de la France et de l'Union européenne en matière internationale

Publié le : 15/10/2014


Appel du SNESUP à une refonte de la politique de la France et de l'Union européenne en matière internationale

L'année 2014 connaît une multiplication de conflits et de situations d'une très grande violence, dont les populations civiles sont particulièrement victimes.
Syrie (plus de 200 000 morts, soutien de la Russie et de l'Iran au despote Bachar Al Assad), Irak et Libye (totalement délabrés après les interventions militaires occidentales)..., si les situations ne peuvent être confondues, l'implication directe de grandes puissances, les souffrances, la crise humanitaire, le chaos économique et politique engendrant le désespoir en sont des éléments communs. L'humiliation et le désespoir sont les ferments des extrémismes, des fanatismes. Les sectes au Nigeria, les groupes et organisations djihadistes, par exemple, sont des réponses trompeuses et sanglantes à l'histoire coloniale et néocoloniale, à la prétention de grandes puissances, en particulier des États-Unis et de leurs alliés, de décider du destin des peuples, y compris par le soutien donné à des dictatures opprimant leurs peuples, parfois de façon sanguinaire, au motif réel de s'accaparer les ressources, notamment énergétiques ; les puissances régionales ne sont pas en reste. La coalition formée autour des États-Unis n'a aucune légitimité à bombarder l'organisation dite État Islamique en Irak et au Levant. Les forces progressistes et démocratiques auraient dû et doivent recevoir les moyens nécessaires à leur lutte ; les populations auraient dû et doivent recevoir les moyens d'un développement économique et social ; elles doivent recevoir toute l'aide humanitaire requise par la tragédie qui les frappe.
Plus de 2000 palestiniens de la bande de Gaza, pour la plupart des femmes et des enfants, sont morts durant l'été sous les bombes de l'armée israélienne. Les propos complices tenus dans un premier temps par le chef de l'État français durant les bombardements et l'absence de sanction de la France et de l'Union européenne à l'égard du gouvernement d'Israël sont inacceptables.
Au sein de l'Europe, le conflit en Ukraine résulte pour partie d'un affrontement entre la Russie d'un côté et les États-Unis et l'Union Européenne de l'autre. Chacun vise l'intégration de l'Ukraine dans son giron économique et militaire, aiguisant les tensions internes ukrainiennes, au détriment des populations, alors que l'heure devrait être à la recherche d'une solution politique entre toutes les parties prenantes.

L'année 2013 a connu un nouveau record d'accroissement1 du taux de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. « Des données préliminaires laissent supposer que cela pourrait être dû à la réduction des quantités de CO2 absorbées par la biosphère terrestre alors que les émissions de ce gaz continuent de croître »2. Nous avons là une quasi-paralysie de l'humanité face à un problème environnemental urgent présentant une menace majeure.
L'épidémie d'Ebola s'aggrave de jour en jour en Afrique de l'ouest. Le système de santé et de recherche est directement en cause. Avec le SIDA et le paludisme (responsables chaque année sur le continent africain de plus d'un millions de décès pour le premier, et environ 500 000 pour le second), cette épidémie renvoie à une situation de mise à l'écart et d'abandon d'une partie de l'humanité - dont les ressources du sous-sol, mais aussi des terres, sont exploitées au profit des multinationales et des pays riches ou/et puissants.
Sur le plan économique, la mise en place du libre échange international des biens, services et investissements se poursuit, en particulier par les négociations du traité transatlantique entre les États-Unis et l'UE, et du CETA entre le Canada et l'UE. Il en résulte un renforcement continu du pouvoir démesuré des entreprises multinationales, des banques et des marchés internationaux, avec pour conséquence l'intensification de l'affrontement économique entre les nations inscrit dans la logique politique développée par les gouvernements. Cet affrontement constitue un obstacle aux politiques nationales et aux coopérations entre les nations indispensables pour répondre aux besoins sociaux, stopper la dégradation de plus en plus rapide de l'environnement, atténuer les tensions internationales et résoudre les conflits.
De plus, les politiques d'austérité européennes opèrent une dégradation sociale brutale et constituent un obstacle à l'indispensable et urgente prise en compte de l'environnement dans l'économique, de la production à la consommation.

Le SNESUP-FSU appelle le gouvernement, le président de la République et la représentation nationale à refonder totalement les politiques européenne, étrangère et commerciale de la France. Il appelle la France, l'UE et l'ensemble de ses Etats membres à mettre fin à une politique internationale basée sur l'affrontement et la volonté de domination (militaire, économique, financière, scientifique, technologique, et culturelle) et à mettre en œuvre une politique fondée sur les coopérations réciproques indispensables à la résolution des problèmes sociaux et environnementaux, et à la prévention et la résolution négociée et pacifique des conflits.

Le SNESUP-FSU poursuivra son investissement aux plans européen et international avec notamment l'objectif d'affranchissement de l'Enseignement supérieur et la recherche (ESR) d'une orientation focalisée sur les demandes des entreprises et les besoins de compétitivité ou sur des objectifs militaires. La finalité est de donner à l'ESR toute sa capacité à contribuer au développement et à la diffusion des connaissances et aux réponses aux problèmes de la société (social, environnement, paix...). En ce sens, il poursuivra son implication au sein de la FMTS3 et du FMSD4 et interviendra auprès de l'UNESCO à l'occasion du projet de révision de la Recommandation concernant les chercheurs scientifiques. Tant au sein des structures syndicales européennes et internationales (CSEE, IE) que par son activité avec des syndicats qui lui sont proches, il continuera son action en faveur de l'émergence et du développement de campagnes et de mobilisations européennes et internationales.
Le SNESUP-FSU appelle ses membres et ses sections à s'impliquer activement, avec la FSU, dans les collectifs locaux de la campagne contre le Traité transatlantique sur le commerce et l'investissement, encore dénommé Grand marché transatlantique (voir www.collectifstoptafta.org). Il appelle à participer à la mobilisation pour le climat, en particulier avant la réunion des Nations Unies COP21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015 (voir http://alternatiba.eu/).

Le SNESUP-FSU soutient, sur tous les continents, les mouvements de lutte pour les libertés démocratiques, pour une démocratie réelle et pour la justice sociale. Il appelle au développement des solidarités et des coopérations universitaires avec les pays frappés ou/et dévastés par des conflits armés : il est ainsi actif au sein du CICUP5. Il appelle à accueillir les réfugiés des pays victimes de conflits.
Le SNESUP-FSU enjoint le gouvernement de garantir le droit de manifestation pacifique. Il appelle à mettre fin aux poursuites contre les militant.e.s ayant appelé ou participé aux manifestations de solidarité avec le peuple palestinien en juillet 2014.

1 Ce chiffre est connu, estimé, depuis 1984. Il s'agit donc d'un record sur la période 1984-2013.
2 Selon l'Organisation météorologique mondiale : http://www.wmo.int/pages/mediacentre/press_releases/pr_1002_fr.htm

3 Fédération mondiale des travailleurs scientifiques
4 Forum mondial sciences et démocratie, lié au Forum social mondial (FSM)
5 Comité inter-universitaire de coopération avec les universités palestiniennes.