Université de Perpignan Via Domitia : Motion des enseignants du département LEA réunis le 7 février 2020

Publié le : 18/02/2020

 

Université de Perpignan Via Domitia :

Motion des enseignants du département d’histoire de sociologie réunis le 3 février 2020

 

Les enseignantes et enseignantes-chercheurs du Département LEA de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) prennent position contre la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et s’inscrivent également dans le mouvement social en cours contre la réforme des retraites.

Elles dénoncent la dégradation continue de leurs conditions d’enseignement et de recherche : diminution et par conséquent sous-effectif structurel de l’équipe statutaire (désormais le département LEA ne compte plus que 2 MCF : 1 MCF angliciste, 1 MCF hispaniste alors que l’effectif des étudiants est stable) et augmentation perpétuelle des tâches administratives qui ne permettent plus aux deux enseignantes MCF de se consacrer à leurs recherches comme elles le souhaiteraient.

Les enseignantes du Département LEA s’étonnent que la concertation relative à la LPPR ait été réalisée loin des acteurs de terrain. Elles s’inquiètent du flou qui règne autour du projet de loi.

Si elle suit les recommandations des rapports issus des groupes de travail, la future LPPR ne fera qu’amplifier une situation déjà critique. La disparition du référentiel de 192 h conduira inévitablement à une augmentation des services des enseignants sans compensation financière et à un éloignement de la recherche. Ces mesures se feront au détriment des petites universités, comme l’UPVD, structurellement sous-dotées et éloignées des centres de décisions et incapables de concurrencer les pôles d’excellence qui bénéficieront, eux, de hausse des dotations. La proposition d’adosser le décompte des heures d’enseignement aux ECTS des cours est un pur non-sens puisque les ECTS sont censés refléter le volume de travail demandé aux étudiants, pas celui des enseignants chercheurs.

La remise en cause des statuts suggérée par les rapports des groupes de travail accentuera la précarisation massive des jeunes chercheurs et aggravera ainsi un contexte déjà tendu depuis des années, révélant une réalité structurelle loin de l’annonce du gouvernement d’une « revalorisation des salaires » pour les jeunes chercheurs. Couplée à la réforme des retraites qui entraînerait mécaniquement une baisse de plusieurs centaines d’euros de nos pensions, cette précarisation est en contradiction certaine avec « le souci d’attractivité du métier » qui est pourtant mis en avant par les rapports.

Nos étudiants, dont une grande partie bénéficie de bourses octroyées sur des critères sociaux (40 % à l’UPVD), ne pourront qu’être au final pénalisés de cette mise en concurrence des universités qui leur sera défavorable, de la dégradation de la qualité de l’enseignement et du suivi qui découleront immanquablement de cette pression accrue sur les personnels. Sur le modèle de ce qui est en train de se passer avec la réforme du lycée, nous craignons l’institutionnalisation d’une université à deux vitesses dont nos étudiants pâtiront.

Enfin, la remise en cause des fonctions du CNU et de la collégialité de l’évaluation des carrières par les pairs ouvrira la porte aux dérives localistes pourtant dénoncées dans les rapports.

Les enseignantes du département LEA de l’UPVD dénoncent ainsi fermement ces évolutions et revendiquent de travailler dans le cadre d’un véritable service public de l’enseignement et de la recherche de qualité. Elles s’associent ainsi aux motions qui ont déjà été votées dans d’autres structures de l’enseignement supérieur et de la recherche et se joignent aux luttes contre les réformes actuelles qui visent à démanteler l’État social. Nous appelons à une amplification du mouvement afin de convaincre le ministère de la nécessité d’un moratoire sur la préparation de cette loi. Nous demandons à ce qu’une vraie concertation large, contradictoire et ouverte à tous soit mise en œuvre au plus vite.

Motion adoptée par les enseignantes du Département LEA

Perpignan, le 7 février 2020