Université de Strasbourg : Motion de l'assemblée générale des personnels du 31 janvier 2020

Publié le : 03/02/2020

 

Université de Strasbourg :
Motion de l'assemblée générale des personnels

 

31 janvier 2020

 

1. Motion générale

La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), la retraite à points et la réforme de la formation des enseignants font système et constituent une même politique. Cette politique tourne le dos aux valeurs du Service public que nous défendons. Cette politique attaque nos statuts, brise les solidarités et accroît la précarité, des titulaires comme des non titulaires, des enseignants comme des personnels Biatss, et des étudiants. De plus les conditions d’étude ne cessent de se dégrader. Il faut mettre un point d’arrêt à cette politique.

L’Assemblée générale des personnels de l’Université de Strasbourg fait deux constats.

D’une part, malgré les fortes oppositions, le gouvernement entend bien imposer ses trois réformes en adoptant une stratégie de l’enfumage permanent, des fausses informations ou des reports tactiques. Ainsi, concernant la LPPR, la ministre Frédérique Vidal promet que la loi, déjà écrite mais toujours pas transmise aux organisations syndicales ni aux acteurs de l’ESR, ne contient pas de mesure de modulation à la hausse du service des enseignants-chercheurs (EC). Or le statut des EC ne relève pas du législatif, mais du réglementaire. De multiples décrets d’application de la loi sont prévus. Un décret statutaire peut très bien être pris au cœur de l’été prochain.

D’autre part nous observons qu’un mouvement significatif de protestation contre les réformes prend corps dans une cinquantaine d’universités, à des degrés divers. Des actions de démissions collectives sont engagées. Des décisions de grève de la recherche sont prises par un grand nombre de laboratoires. Des centaines de motions sont adoptées. À l’Université de Strasbourg plusieurs laboratoires ont entrepris une grève de la recherche, des réunions d’information ou des assemblées générales se sont tenues dans une dizaine de composantes. Des motions sont rédigées et votées. Le Congrès de notre université, grâce à l’action des élu.es d’opposition et les élu.es syndicaux, a adopté à l’unanimité une motion pointant les dangers de la LPPR et formulant trois principes que nous soutenons :

1/ Toute politique de recherche suppose que soit garanti le principe de liberté et de pluralité des activités académiques et scientifiques et d’en assurer la mise en œuvre par des financements récurrents et importants.

2/ Une politique des sciences doit se fonder sur une approche coopérative de la production de la connaissance et non pas seulement sur la mise en concurrence systématique des laboratoires et des personnes qu’induisent les instruments de sélection par appels à projets. 3/ Toute politique de recherche doit s’appuyer sur un plan ambitieux de recrutements de titulaires (enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATSS et IT) permettant au minimum de revenir aux effectifs de 2005 et de résorber une précarité endémique des personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur, nuisible non seulement à leur qualité de vie mais aussi à la production et à la diffusion scientifique.”

Sur la base de ces deux constats - un gouvernement qui reste sourd et qui louvoie, une protestation qui s’amplifie et une colère légitime qui croît – l’AG de l’Université de Strasbourg lance un appel à tous les personnels et à tous les étudiants visant à inscrire la protestation dans la durée et à obtenir satisfaction sur notre demande de retrait des trois réformes :

  1. Appel à initier et tenir des réunions d’information et des AG dans toutes les composantes, dans tous les laboratoires et dans tous les services. A cette fin nous demandons aux directions de composantes de banaliser les cours lors des AG étudiantes ou des AG personnels/étudiants. Nous invitons également les collègues à faire des points d’information dans leurs cours, à destination des étudiants.

  2. Appel à se mettre en grève reconductible ou en grève perlée, selon les décisions prises en AG.

  3. Appel à mettre en débat la mise en œuvre de démissions collectives des responsabilités administratives (pédagogiques et de recherche) et des mandats électifs.

Face au mépris et à l’autoritarisme du gouvernement, seules des actions fortes et résolues permettront de défendre les valeurs de l’Université et le bon fonctionnement du Service public de l’ESR. Pour arrêter le gouvernement, nous n’avons pas le choix. Soyons fermes et déterminés : « Mettons l’université à l’arrêt ».

 

Unanimité moins une abstention et un contre

 

2. Motion sur les arrestations du 30 janvier à l’occasion des vœux d’Alain Fontanel, candidat LREM à la Mairie de Strasbourg

L’Assemblée générale exprime sa solidarité avec les trois militants réprimés et mis en garde à vue à l’occasion des vœux d’Alain Fontanel. Elle exige qu’il n’y ait aucune poursuite à leur encontre.

 

Unanimité