Communiqué du collectif "pour une autre université", Lyon 2

Publié le : 21/10/2010


Déclaration du collectif Pour une Autre Université (PAU)

sur le mouvement en cours contre la "réforme" des retraites

Comme lors du mouvement de 2009-2010 contre la loi LRU, le gouvernement joue aujourd'hui le jeu dangereux du pourrissement contre ceux et celles qui défendent le droit à une retraite décente pour tous à 60 ans et qui refusent que les plus précaires d'entre les salariés soient obligés d'attendre 67 ans pour pouvoir partir à la retraite à taux plein. Ce faisant, le pouvoir sarkozyste espère profiter de l'exaspération attendue de la population devant les conséquences des grèves (pénurie d'essence et perturbations dans les transports, entre autres) pour reprendre le terrain perdu dans l'opinion publique depuis des mois. Multipliant les provocations policières et sécuritaires, il espère aussi profiter du rejet des violences commises en marge des manifestations. Le fait que la grande majorité de la population refuse cette régression sociale et continue à soutenir les grévistes ne l'émeut guère : il entend imposer coûte que coûte des mesures qui relèvent d'une véritable revanche de classe contre les acquis sociaux, comme il a imposé la néolibéralisation de l'Université il y a un an et demi, dont les conséquences sont vécues aujourd'hui par nous tous.

Nous considérons que les salariés de l'Université, enseignants, enseignants-chercheurs, BIATOSS, vacataires, comme les étudiants, ont toutes les raisons de rejoindre ce vaste mouvement de protestation. Si les femmes, les précaires présents ou futurs, ceux et celles qui accomplissent les tâches les plus pénibles (que ce soit les femmes de ménage ou les ouvriers de service) ont des raisons particulières de refuser cette régression sociale, nous allons tous, quel que soit notre statut dans l'Université, souffrir de ces mesures qui ne peuvent qu'aggraver nos conditions de travail (surtout en fin de carrière) et nous priver d'une retraite pendant nos années de bonne santé. Une réforme est nécessaire mais c'est du côté de la fiscalité qu'elle doit être menée, pour mettre fin à une inégalité de traitement, exacerbée par le bouclier fiscal, qui fait des riches les grands protégés de la République.

Les élus de PAU sont intervenus lors des séances du CEVU et du CA de notre Université de la semaine dernière pour exprimer leur accord avec les revendications portées par le mouvement, pour exiger le retrait de cette réforme qui représente à nos yeux un véritable recul de civilisation et pour
affirmer la nécessité de rechercher des convergences avec le mouvement étudiant qui refuse que le pouvoir sarkozyste bouche l'avenir de la jeunesse. C'est pour cette raison qu'avec les élus étudiants nous avons demandé lors de la dernière réunion du CA, dans une ambiance assez détestable, que le CA s'exprime sur la levée du contrôle des absences pour l'assemblée générale du début de la semaine ainsi que pour la manifestation de mardi. Nous avons également obtenu la banalisation du créneau de l'assemblée générale, pour que les personnels enseignants, enseignants-chercheurs et BIATOSS puissent s'y rendre. Nous aurions voulu que ces dispositifs soient étendus au-delà du début de semaine, pendant une dizaine de jours, pour permettre aux universitaires de s'informer et rejoindre le mouvement. Nous avons rencontré un front de refus allant de la Présidence aux autres listes des enseignants-chercheurs, plus préoccupées par un éventuel blocage de l'Université organisé par les étudiants que par la nécessité de créer des solidarités effectives et pratiques avec le
mouvement en cours. Les mouvements des années précédentes ont sans doute montré que les blocages empêchaient de poursuivre les débats et la mobilisation au sein de l'Université, dégradaient les conditions de travail des personnels et déservaient finalement les étudiants comme les personnels sans pour autant avoir d'effet décisif sur les "réformes" en cours. Mais la fermeture administrative, décidée sans consultation du CA, empêche également toute discussion entre nous et donc toute mobilisation.

Seule la participation effective des personnels de l'Université dans les débats qui les concernent peut permettre de sortir de la spirale démobilisatrice du blocage, des dégradations et du silence des lieux dont le rôle premier est la transmission d'un savoir-penser-agir sur et dans la société telle qu'elle se
construit et telle qu'elle se prépare pour demain.

Dans les jours qui viennent, surtout devant une fermeture administrative qui empêche toute discussion entre nous et donc toute mobilisation, il va falloir trouver les moyens d'exprimer notre solidarité avec le mouvement en cours et notre détermination à défendre le droit à une retraite décente. Il ne faudra ni se laisser berner par des appels incantatoires contre les casseurs parmi nous (même s'il est plus que jamais nécessaire d'éviter les débordements violents) ni céder au défaitisme.

Nous demandons :

  • 1. que l'Université rouvre ses portes dès aujourd'hui, et que le mouvement pacifique mais résolu contre la régression sociale puisse s'exprimer comme bon lui semble.
  • 2. que les jours prochains soient mis à profit pour engager un dialogue avec les étudiants et les personnels pour qu'ils décident ensemble comment lutter contre cette contre-réforme.
  • 3. que l'Université facilite l'organisation d'assemblées générales dans les conditions déjà adoptées par le CA.

Les personnels et étudiants de l'Université ont toute leur place dans ce mouvement, pour obtenir le retrait d'une contre-réforme qui vise à détruire les solidarités, privatiser le système de retraites, et condamner au chômage et à la précarité des pans toujours plus larges de la population. Le préavis de la FSU couvre les actions de grève reconductible. Comme les autres secteurs du public et du privé, mobilisons-nous pour exiger le retrait de cette contre-réforme, en participant aux journées de grève et de manifestations.

Contre la réforme des retraites et l'acharnement du gouvernement soutenons la grève et les mobilisations