De la Tunisie au Yémen, le mouvement de l’Histoire

Publié le : 03/03/2011


De la Tunisie au Yémen, le mouvement de l'Histoire

Parti de Tunisie, de semaine en semaine, le mouvement de révolte s'étend à de nouveaux pays et tend à couvrir l'ensemble du pourtour Sud et Est de la Méditerranée, la péninsule arabe, l'Iran, Djibouti... .

Six semaines après la fuite de Ben Ali, ce vendredi 25 février, la Tunisie a connu une des plus grandes manifestations depuis le début du soulèvement populaire, avant un week-end de violence au bilan de 5 morts, provoquant la démission dimanche 27 du premier ministre, Mohamed Ghannouchi -ancien chef du gouvernement de Ben Ali-, remplacé par Béji Caid Essebsi. Cette démission s'est suivie de celle de six autres membres du gouvernement, lundi 28. L'élection d'une assemblée constituante est de plus en plus probable. Le Conseil de la protection de la révolution -collectif regroupant 14 partis politiques, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) et des organisations de la société civile - pourrait occuper un rôle politique central jusqu'à l'élection de cette assemblée.

Au Yémen, depuis le 27 janvier l'Université de Sanaa (la capitale) est le centre d'une contestation notamment venue des étudiants, rejointe par plusieurs tribus et maintenant soutenue par l'opposition. La mobilisation est devenue massive dans de nombreuses villes, notamment ces derniers jours suite à des affrontements provoqués par des partisans du Président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans. Des militaires ont rejoint les opposants et des membres du CPG, parti au pouvoir, ont démissionné en protestation contre les violences.

Partout, du Maroc à la Syrie, les populations et notamment les jeunes générations, ouvertes sur le monde via Internet, passées par l'école ou étudiantes, ont soif de liberté, d'indépendance et de démocratie, et refusent l'injustice sociale. Un tournant irréversible de démocratisation est en train de s'opérer, aux portes de l'Union européenne. Cependant, le processus en cours ne se déroulera pas sans épreuves de force entre intérêts contradictoires. La « fin de l'histoire » et des rapports de force sociaux ou géopolitiques n'ont pas sonné. La position de l'Europe dans le monde en sera durablement modifiée. Une nouvelle conception des relations internationales devra voir le jour, plus équilibrée, plus respectueuse des populations et portée par une diversité d'acteurs dont les mouvements sociaux et les organisations syndicales, en particulier celles de l'éducation.

Paris, le 3 mars 2011