Enseignement supérieur en Cote d'Ivoire : pas d'université fermée !

Publié le : 25/01/2012


ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN CÔTE D'IVOIRE

Pas d'université fermée !


Le Président de la République de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, est reçu pour une visite d'État en France, du mercredi 25 janvier au samedi 28.

Il y a deux mois, lors de sa visite du 14 et 15 novembre 2011 à Lomé, capitale du Togo, Alassane Ouattara a décidé unilatéralement de fermer les établissements publics ivoiriens d'enseignement supérieur jusqu'en septembre 2012. Dans un contexte post-électoral déjà fort traumatisant pour le secteur de l'Éducation en général, cette décision oriente de fait près de 20000 étudiants vers les établissements privés et les oblige à s'acquitter de 40 % des frais d'inscription en plus.

Des centaines d'élèves, d'étudiants, ont perdu la vie ou ont subi de lourds traumatismes physiques et psychologiques. Les universités d'Abidjan et d'Abobo-Adjamé sont à reconstruire ! Elles ont été pillées et détruites car devenues des camps militaires ! Depuis plus de 9 mois, les travaux de réhabilitation conduisent à la fermeture des universités, laissant une majorité d'étudiants à la rue, livrés à eux-mêmes. Pris au piège par les frais de scolarité exorbitants des établissements privés, la plupart des étudiants se trouvent écartés de leurs études. Tandis que plane le risque d'une « année blanche » à l'université, la situation des enseignants du supérieur est également critique. Dans ce contexte, quel sens donner aux prochaines sessions d'évaluation du Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement Supérieur (CAMES) alors que les évaluables ne dispensent plus de cours et que leurs laboratoires de recherche ne sont plus accessibles?

Depuis les années 60, tandis que l'Éducation pré-bac était placée comme une priorité nationale, le développement de l'enseignement supérieur reste sous le contrôle du financement des principaux bailleurs de fonds, dont le FMI. Le contexte de crise que traverse le pays accélère le train de réformes néolibérales contre les universités publiques et la contestation du pouvoir en place.

Après une avalanche de réformes sur les salaires à double vitesse dans l'enseignement secondaire, l'âge de départ à la retraite qui passe de 55 ans à 60 ans dans un pays où l'espérance de vie est de 55 ans, la suppression des cars de ramassage des étudiants, la suppression des internats...., cette décision de fermeture des universités, pour une année entière, risque de sacrifier un nombre considérable de bacheliers, d'étudiants et de chercheurs, et, par conséquent, menace d'hypothéquer l'avenir.

Former une jeunesse qualifiée plus nombreuse est une urgence. Elle passe par l'accès et la réussite de la jeunesse au sein de l'enseignement supérieur et de la recherche publics dont la pérennisation et le développement doivent être une priorité.

Le SNESUP soutient l'ensemble du peuple de Côte d'Ivoire dans la difficile épreuve de reconstruction du pays qu'il traverse et appelle à la solidarité avec les collègues enseignants et chercheurs. A l'occasion de sa visite en France, Le SNESUP demande au Président Ouattara que soient libérés les universitaires ivoiriens emprisonnés sans jugement et la mise en place des conditions permettant le retour rapide et en toute sécurité de ceux contraints à l'exil.

Le SNESUP, au travers de véritables coopérations, encourage le renforcement d'un système d'enseignement supérieur et de recherche publics en Côte d'Ivoire.

Paris, le 25 janvier 2012