Licence : le CNESER doit être entendu

Publié le : 21/02/2011

Motion présentée lors de la séance du CNESER du 21 février 2011 par l’UNEF et soutenue par le SNESUP-FSU, la CGT, l’UNSA Education (Sup’recherche, A et I, SNPTES)

Licence: le CNESER doit être entendu

Trois ans après la mise en œuvre du plan « Réussite en Licence » à grands renforts de communication, la ministre de l’enseignement supérieur vient d’annoncer sa volonté de construire une « nouvelle Licence », qui sonne comme un aveu d’échec. La politique universitaire menée depuis quatre ans par la ministre a démontré à maintes reprises son inefficacité à améliorer notamment la réussite des étudiants, et notamment en premier cycle. Alors que des dispositifs, des volontés, des efforts importants existent depuis plusieurs années dans les établissements pour faire réussir les nouveaux publics ayant accédé à l’université, la ministre de l’enseignement supérieur, loin d’avoir su les encourager et les fédérer, ne leur a pas donné les moyens d’aboutir. A l’heure où 17 % des jeunes sortent chaque année du système éducatif sans qualification et 20 % entreprenant des études supérieures sortent sans diplômes, la démocratisation de l’enseignement supérieur nécessite d’entreprendre une véritable réforme concertée des premières années universitaires, concernant l’ensemble des formations post-bac (Licence, BTS, IUT, CPGE…), sans chercher à affaiblir les formations bac+2 reconnues, et prévoyant des passerelles permettant réussite et poursuite d’études pour tous les étudiants.

Le CNESER demande par conséquent que la réouverture des arrêtés Licence annoncée par la ministre ne soit pas une énième mascarade de concertation débouchant sur une mesurette mais bien l’occasion de clarifier la réglementation nationale de la Licence pour la mettre au service d’une ambition pédagogique renouvelée. 

  • Des cadres nationaux

Diplôme national à la lisibilité retrouvée, la licence doit s'appuyer sur un cadre national commun offrant des enseignements décloisonnés associant des disciplines complémentaires pour permettre une orientation progressive. Pour l'ensemble des mentions de licence, ce cadre national doit intégrer des intitulés de domaines et de mentions ainsi que des contenus de formation définis de façon coordonnée et concertée avec la communauté universitaire en prenant en compte les spécificités des disciplines.

Une nouvelle réglementation des modalités de contrôle des connaissances (harmonisation nationale des modalités d’examen, garantie des règles de compensation et clarification des règles en matière de notes éliminatoires, prise en compte du contrôle continu, organisation des secondes sessions…), doit pouvoir concilier l’égalité de traitement des étudiants, la garantie de la validation des objectifs pédagogiques fixés, la possibilité de poursuivre des études. 

  • Les moyens de l’ambition pédagogique

Pour répondre aux besoins pédagogiques et garantir à tous les moyens de leur réussite, une réglementation nationale de la Licence devra intégrer un cadrage national en termes de volume horaire d’enseignement minimal comparable à celui des CPGE, STS et IUT, assurant ainsi partout les moyens humains et financiers nécessaires à une formation de qualité.

Un tel cadrage n’a de sens que si la ministre décide enfin de rompre avec une politique de suppressions de postes et de destruction de la formation pédagogique des enseignants. A l’inverse, un plan pluriannuel de recrutement de personnels BIATOSS et enseignants-chercheurs ainsi que des IUFM rénovés, notamment impliqués dans la formation initiale et continue des enseignants-chercheurs, doivent permettre de répondre aux besoins des universités et permettre la réussite du plus grand nombre.

Enfin, l’austérité budgétaire infligée aux établissements d’enseignement supérieur, associée à l’utilisation peu lisible et insuffisamment ciblée de moyens dérisoires provenant d’autres secteurs, met en difficulté les enseignants du supérieur et les dispositifs pédagogiques qu’ils ont pu concevoir et continue de dégrader les conditions d’étude des étudiants. La Licence est bien souvent sacrifiée sur l’autel de formations considérées par certains comme plus prestigieuses.

Le gouvernement doit par conséquent prendre enfin conscience qu’une politique efficace de démocratisation de l’enseignement supérieur ne peut réussir dans ce contexte et qu’il faut par conséquent rompre avec une politique qui a pour seule boussole l’autonomie des établissements et la concurrence entre eux. 

  • Entendre la voix de la communauté universitaire

Proposer à une population plus nombreuse et diversifiée des formations de qualité nécessite de prendre le temps d’entendre la voix des acteurs des formations pour concevoir des cadres nationaux. Le CNESER dénonce par conséquent la volonté de la ministre de court-circuiter une nouvelle fois la démocratie universitaire en nommant un comité d’orientation composé pour l’occasion au lieu d’entendre la voix des acteurs des formations en vue de la conception d’un nouveau cadre national. Doubler le comité de suivi licence, émanation du CNESER, par un comité d’orientation nommé par la ministre, relève de la même démarche. Seul le comité de suivi Licence, émanation du CNESER, a toute légitimité pour organiser des concertations, mener la réflexion et faire des propositions.

 

Adoptée par 13 voix pour, 9 voix contre, 2 abstentions et 2 votes blancs