Restructurations universitaires & « Masterisation » : Le gouvernement avance en terrain miné

Publié le : 07/07/2010

 Restructurations universitaires & « Masterisation » : Le GOUVERNEMENT AVANCE EN TERRAIN MINE!

Devant l'imminence de la catastrophe qui va frapper la formation des enseignants, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche multiplie les preuves de son improvisation. La séance du 22 juin du CNESER, consacrée à l'examen des maquettes de master « enseignement », en est une démonstration flagrante. Incapable de transmettre la totalité des documents, réfugié derrière l'incantation de la « qualité » de l'offre de master, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a été contraint de reconnaître le problème des étudiants « reçus-collés » ou en reconversion. De plus, le ministère reconnait implicitement, l'impossibilité de mener de front une formation de master et une préparation au concours. Dans le même temps, le MEN, impose aux fonctionnaires stagiaires -dès la session 2011- d'être détenteurs du CLES 2 (1) et du C2I2E (2) pour être titularisés. Or la formation associée n'est ni incluse dans les maquettes de Master, ni organisée dans toutes les académies, ce qui constitue une rupture manifeste d'égalité devant les concours. Le SNESUP envisagera de déposer un recours en Conseil d'Etat. Le gouvernement doit retirer cette réforme, et les décrets et textes promulgués

Dans l'enseignement supérieur et la recherche, au moment du lancement des premiers appels à projets pour un Grand Emprunt aux fonds incertains, la supercherie ne trompe plus que la CPU. Sous couvert de visibilité internationale, alors que les établissements déjà écartés du plan campus ne seront pas repêchés, le gouvernement obère tout développement de coopérations équilibrées entre les universités au profit de projets de restructurations pilotés autoritairement. En particulier, le projet du campus de Saclay, associé à la loi sur le « Grand Paris », pousse cette logique à l'extrême. Le SNESUP condamne les tentatives de remplacer des universités de plein exercice par de grands établissements permettant le contournement des obstacles réglementaires à la sélection ou à l'augmentation des droits universitaires et la destruction des fondements collégiaux et démocratiques des universités.

De nombreuses voix condamnant la loi LRU se joignent maintenant à celle du SNESUP qui, dès avant sa promulgation, en août 2007, avait sollicité en vain les parlementaires pour intenter un recours devant le Conseil constitutionnel. Le SNESUP qui a déposé des recours contre les décrets « enseignants-chercheurs » et « comités de sélection » est dans l'attente des résultats. Pour conserver son emprise sur les universités, le gouvernement a décidé d'augmenter rétroactivement la prime - appelée maintenant prime de résultat- des présidents d'universités passées au « Responsabilités et Compétences Elargies ». Dans le même mouvement, pour mieux mettre en œuvre sa politique, il cherche à placer, sans condition de HDR, aux postes de recteurs des hauts fonctionnaires proches du pouvoir, déconnectés des considérations d'éducation et de recherche.

Comme la campagne 2009, la campagne emploi 2010 a montré de nombreuses dérives (comités de sélection biaisés, inversions de classements, postes non pourvus, profils d'emplois ad hoc, etc) dues au clientélisme et au rôle déterminant de présidents d'universités ou directeurs d'établissements intervenant sur les recrutements, en jouant de leur droit de veto ou en s'appuyant parfois sur des votes suivistes ou mal informés de CA restreints. De plus, la multiplicité et l'hétérogénéité des comités des sélections ont conduit à ne pas pourvoir nombre de postes pourtant essentiels pour assurer la prochaine rentrée dans l'enseignement et à la recherche.

La politique imposée par le gouvernement se heurte à des résistances croissantes. Rien n'est joué, la politique du gouvernement issu d'une majorité présidentielle, hier défaite dans les urnes lors du scrutin régional, peut être battue en brèche.

Dans le prolongement de son Congrès de Dijon, le SNESUP appelle les syndiqués, les collègues à s'engager, dès le mois de septembre, dans la construction de leur projet collectif pour l'enseignement supérieur et la recherche, en créant les conditions de son existence et en menant les combats locaux pour la défense des collègues, des activités pédagogiques ou de recherche, pour les créations d'emplois et le budget nécessaires au service Public d'Enseignement Supérieur et de Recherche.

(1) CLES 2 : Certificat de Compétences en Langues de l'Enseignement Supérieur de niveau B2 du cadre européen
(2) C2I2E : Certificat Informatique et Internet de Niveau 2 Enseignement