Les années d’hiver : l'édito de la FDE de novembre 2024

Publié le 24 octobre 2024

Lorsque tombent les masques, tombent sans doute aussi les illusions. Nous avons déjà souligné les redoutables ambiguïtés de la formule employée par le président de la République durant le premier confinement en 2020 : « quoi qu’il en coûte ». Certain·es ont voulu y voir une forme d’humilité retrouvée mais d’autres, plus lucides, se sont moins abusé·es de leur crédulité et se sont très rapidement avisé·es de la diabolique ambiguïté recelée par cette expression, de son vice profond, en l’espèce de son double, et même de son multiple tranchant, quintessence du « en même temps » macronien. Il n’a guère fallu de temps, en effet, pour comprendre qui allait devoir endosser les coûts (et les coups) de ce « quoi qu’il en coûte », lequel n’est d’ailleurs pas que financier mais aussi symbolique et politique, ainsi qu’en atteste aujourd’hui la dérive assumée vers la droite et toutes ses extrémités.

Pour ce qui concerne la formation des enseignant·es et des CPE (FDE), si le dernier projet de réforme a été « suspendu » en juillet dernier, il ne semble pas avoir été abandonné pour autant. La nouvelle ministre de l’Éducation nationale a d’ores et déjà indiqué qu’il fallait en reprendre le chantier afin d’aboutir pour la session 2026 des concours. Or l’hyper-austérité budgétaire annoncée par le gouvernement actuel peut offrir l’occasion d’un démantèlement de la formation, sinon en supprimant carrément le cadre universitaire, du moins en le réduisant drastiquement à n’être qu’une annexe du MEN, avec la caporalisation en prime.

Il ne s’agit pas d’une (mauvaise) chimère. Depuis plus de quinze ans désormais, la FDE est l’objet d’incessantes assiduités, prétendument réformatrices, auxquelles se sont plus récemment ajoutés des déclarations et des rapports parlementaires qui, au-delà du ressassement, manifestement éternel, de considérations pseudo-scientifiques et de lubies rances, vitupèrent une forme d’insubordination des INSPÉ – composantes universitaires –, vis-à-vis des injonctions du MEN, lequel piétine allègrement l’autonomie des universités et la professionnalité des formateurs et des formatrices.

Bien que le pire ne soit jamais certain, il faut demeurer vigilant après que l’histoire eut falsifié bien des certitudes. À nous de (se) mobiliser et de lutter, collectivement, pour que les années d’hiver ne soient pas notre unique à-venir.

par Vincent Charbonnier, coresponsable du collectif FDE

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Vincent Charbonnier