Article du mensuel 546 : Forum Social Européen, impressions d'Athènes

Publié le : 15/06/2006

Quelques uns des délégués du SNESUP, de retour du 4ème Forum Sociel Européen, nous livrent leurs impressions.

Auteur(s) :

Jean-Luc Godet, Jean-Paul Lainé, Marc Delepouve, délégués SNESUP-FSU au FSE


L'article au format pdf
(mise en page originale)


Impressions d'Athènes

Du 4 au 8 mai derniers, plusieurs dizaines de milliers d'Européens de toutes les nationalités
se sont retrouvés à Athènes, pour le quatrième édition du Forum Social Européen (FSE).
La rencontre a été marquée par le contexte de refus du néolibéralisme exprimé par les luttes
et les votes au cours des derniers mois en Europe et dans le Monde
et par une avancée dans trois directions :

  • un réel élargissement à l?Europe centrale et orientale ;
  • le développement des réseaux entraînant une transition entre la phase de connaissance réciproque
    ? échanges, débats ? et la phase d?élaboration de propositions et de staratégies/actions ;
  • un meilleur investissement syndical tant en quantité qu?en qualité grâce aux luttes,
    au travail en réseau et aux assemblées de préparation au cours de 2005/2006

À Athènes, les réseaux constitués lors des précédents FSE se sont renforcés.
Ainsi le réseau Éducation, qui s?est élargi à des syndicats enseignants grecs,
turcs, d?Europe de l?Est et de Russie.
Face aux attaques néolibérales communes que subissent les populations d?Europe,
des initiatives communes de résistance ont été programmées.
Petit à petit, l?alter Europe se construit et s?impose la nécessité de passer à l?action.
Ce n?est donc pas par hasard que l?exemple français de la lutte unitaire contre le CPE
a été au centre de nombreux débats: c?est tous ensemble, tous en Europe,
que l?on peut gagner contre le néolibéralisme.

Les débats sur l?Europe ont été nombreux, auxquels ont participé associatifs,
syndicalistes et politiques, à l?image de ce qui s?était passé en France
lors de la campagne pour le non au TCE.
La question du processus constituant à revendiquer pour l?Union, et surtout de son rythme,
a divisé, la prise de conscience étant très variable selon les pays.
Le Forum social d?Athènes n?aura pas, de ce point de vue, permis de beaucoup avancer,
mais des propositions ont été recensées: ainsi, un projet de
«Charte des principes communs pour une autre Europe» a circulé.
Le sentiment que la remise en cause de tous les traités existants est nécessaire a également progressé.

Le FSE d?Athènes n?a donc en rien été le «FSE de trop».
Plus probablement, il aura été un FSE de transition.
Après la mise en place, avec panache, du FSE à Florence,
l?approfondissement de Paris et les contradictions de Londres, gageons (espérons?)
qu?il annonce un mouvement alter européen plus structuré et désormais tourné vers l?action à l?échelle européenne.

L?arrivée de «poids lourds» du syndicalisme, en nombre ou en observateurs,
fut un enrichissement incontestable et un gage d?articulation avec les luttes
et de mise au premier plan des questions sociales et économiques.
C?est le moyen incontournable de pouvoir peser sur les autorités politiques de l?UE.
Cet élargissement s?est fait sans en rabattre sur la richesse et la diversité des multiples organisations
et sujets de débats de l?«altermondialisme historique».

Un dernier mot sur la manifestation du samedi, contre la guerre et pour un autre monde.
Elle a rassemblé plus de 60000 personnes.
Ce fut une très belle manifestation, avec une très forte présence de la gauche grecque et aussi turque.
C?était un vrai défilé populaire malgré la «savante» dissuasion exercée par les autorités grecques
sous couvert de risque de violence (forces de police outrageusement déployées,
centre-ville interdit à tout véhicule ? transports en commun compris!).
Aux côtés des «altermondialistes» la population grecque était présente.
La délégation française dépassait sans doute les 1500,
parmi laquelle le cortège de la FSU faisait bonne figure.