Capacités d'accueil pour les masters MEEF : je t'accueille, moi non plus !

Publié le 8 février 2017

 

 

Communiqué de presse du SNESUP-FSU

Capacités d'accueil pour les masters MEEF : je t'accueille, moi non plus !

La loi n°2016-1828 du 23 décembre 2016 énonce la possibilité de fixer des capacités d’accueil pour l’accès aux masters. Or cette possibilité est très souvent interprétée comme une obligation. “Au nom de la loi”, les responsables de masters ont ainsi été fortement incités à fixer des capacités d’accueil plutôt qu’à réévaluer les moyens nécessaires pour l’accueil de tou.te.s les étudiant.e.s souhaitant s’engager dans un master. Ils/elles l'ont d'autant plus été que le ministère a dit que les étudiant.e.s refusé.e.s dans un master devraient être obligatoirement accueilli.e.s dans les masters qui n'auraient pas fixé de capacités d'accueil. On observe donc une articulation problématique entre “droit à la poursuite d’études”, “capacités d’accueil” et “restrictions” de l’accès au master. Qu’en est-il pour les masters MEEF ?

Avec ce chantage à “l’accueil obligé” (sans moyens supplémentaires), la mise en place de cette loi dans les ESPE, donne lieu à la détermination de capacités d’accueil pour la très grande majorité des masters MEEF. Ce faisant, deux problèmes n’ont pas été pris en compte : d'une part la crise profonde de recrutement des enseignant.e.s et d'autre part la position du concours en milieu de master (fin d’année de M1) qui entraîne l’arrivée massive en M2 de personnes de statuts très différents, qui n’ont pas suivi le cursus de M1 MEEF et qui ont besoin d’une formation de qualité.

Par ailleurs les directions des ESPE n’ont pas saisi cette occasion pour réfléchir à l’orientation, à l’aide aux étudiant.e.s, aux moyens pour les accueillir (suivi des stagiaires, recherche, moyens pour réussir…), à la démocratisation du recrutement des étudiant.e.s… Et dans la plupart des cas, les personnels et usagers ont été, encore une fois, tenus à l’écart des décisions. Ici ou là, les fixations des capacités d’accueil n’ont pas même été discutées au Conseil de l’ESPE et ont été autoritairement présentées et mises au vote au CFVU et CA de l’université ! Et là où les élus enseignant.e.s et étudiant.e.s ont unanimement voté contre (conseil de l’ESPE de Nantes par exemple), leur minorité statutaire n'a pas empêché la fixation de telles capacités.

En se focalisant sur la question de la limitation des effectifs, cette application rigoriste de la loi contredit le principe même de la libre “poursuite d’études” et grave dans le marbre le manque de moyens et l’austérité. Sur quels critères d’ailleurs inscrire les étudiant.e.s si le titre universitaire en lui-même ne “suffisait” pas ? Circulent actuellement des propositions variées (dossiers, lettres de motivation, voire QCM, etc.) qui n’ont pu être suffisamment analysées et sans que, non plus, il ait été précisé qui en aura la charge (secrétariats administratifs ou équipes de master).

Ce dont la formation des enseignant.e.s a besoin, c’est d’élargir le vivier de candidat.e.s aux concours, d’un plan pluri-annuel de recrutements, de moyens dans les ESPE pour accueillir et former correctement les étudiant.e.s, de moyens pour les aider financièrement (bourses, pré-recrutements, etc.) à réussir des études exigeantes.

 

Paris, le 8 février 2017

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