Décès de Claude Danthony

Publié le : 12/10/2021

 

 

Décès de Claude Danthony

 

Triste nouvelle.

Claude Danthony, le secrétaire de la section de l’ENS de Lyon où il enseignait les mathématiques, est décédé vendredi 8 octobre 2021 alors qu’il était en colloque à l'université de Lyon 3. Il avait 60 ans.
Au-delà de sa fonction c’était un camarade d’une valeur inestimable capable à lui seul de déplacer des montagnes. 
Un allié, aiguisé d’un point de vue juridique, comme rarement nous en avons connu, quitte la bataille.
C’était un appui important pour les batailles menées sur le site lyonnais, mais également au-delà pour tou·tes les camarades engagé·es dans des démarches juridiques ou syndicales, qui ne refusait jamais d’apporter son aide. Un monstre de travail. Une personnalité exceptionnelle.
Les mots nous manquent tant cette disparition nous cueille brutalement.
Le vide qu’il laisse est abyssal. Nous lui devons de poursuivre la bataille. 

Le SNESUP-FSU adresse toutes ses pensées à ses proches et à sa famille.

 

 

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La date des obsèques n'est toujours pas fixée
 
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Cette page est destinée à recevoir hommages et témoignages
à envoyer à sg@snesup.fr
 
 
Hommage de Philippe Enclos 
 

Je suis éffondré. 

Claude, MCF en mathématiques, membre de l’Unité de mathématiques pures et appliquées (UMPA) de l’ENS de Lyon, avait su s’initier à la logique juridique et au droit universitaire au point de devenir un redoutable requérant devant les juridictions administratives, obtenant fréquemment, parfois mandaté par notre syndicat, l’annulation de délibérations de CA et d’élections illégales soit de son école, soit, plus souvent, du PRES puis de la COMUE de Lyon, et parvenant à faire capoter le projet de fusion de tous les établissements lyonnais. Il était même parvenu à faire annuler pour illégalité une très grosse subvention du Conseil régional à la COMUE.

Il venait, d’ailleurs, tout juste de saisir la CCOE de la COMUE pour en contester à nouveau les élections, après les avoir fait annuler deux fois ; cet ultime contentieux restera malheureusement sans suite.

Infatigable défenseur du respect des règles de fonctionnement démocratique des institutions universitaires, il traquait sans répit et détectait avec une grande perspicacité les irrégularités les moins évidentes.

Afin de conforter la dimension collective de son action, et de garantir la recevabilité de certains recours, il avait fondé, avec d’autres collègues, une association intitulée « Démocratie et transparence à l’université de Lyon – DTUL » ayant pour objet de « défendre les intérêts matériels et moraux des personnels des établissements membres [de l'Université de Lyon]vis-à-vis de celle-ci, et de veiller à ce que son fonctionnement soit démocratique, transparent et respectueux des réglementations ».

Son nom reste attaché, dans la communauté des spécialistes de droit administratif, à une jurisprudence rapidement devenue célèbre du Conseil d’État (CE assemblée, 23 décembre 2011, Danthony contre ENS de Lyon, n°335033 https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000025041089/)

Sa maîtrise du contentieux administratif était devenue si pointue que je ne manquais pas de le solliciter à l’occasion. Pas plus tard que mercredi dernier, je lui demandais son avis quant à la légalité du décret du 20 septembre créant l’EPE de Lille ; hélas, jamais je ne le recevrai…

Bien placé pour savoir à quel point ce contentieux est chronophage, je ne cessais de m’étonner de sa capacité à dégager le temps considérable nécessaire à ses multiples recours, dont certains étaient encore pendants.

Il laisse un rare mais très encourageant exemple d’investissement d’un profane dans l’action juridique syndicale, apportant la démonstration que le combat sur le terrain du droit est à la portée de tout militant, et que le droit peut constituer une arme syndicale efficace. En cela, il ne cessera pas de nous inspirer et de nous encourager à lutter pied à pied pour la défense et la promotion du principe légal de fonctionnement démocratique de nos établissements.

Bravo, Claude, bravo !

Il est particulièrement cruel qu’il soit décédé lors de l’accueil d’un colloque juridique à Lyon 3 consacré, notamment, à la jurisprudence mentionnée ci-dessus et à d’autres de ses combats contentieux.

Le SNESUP perd l’un de ses meilleurs combattants, bien que des plus discret. Convertissons notre peine en un regain de mobilisation dans la défense des droits individuels et collectifs de nos collègues !

 

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Hommage d'Isabelle Garcin-Marrou & Vincent Charbonnier    
 

Nous venons d'appendre le décès brutal de Claude Danthony, nous sommes sous le choc.

Claude était un militant tenace, très actif à l’ENS de Lyon, il s’est constamment battu contre le mécano techno bureaucratique et la gabegie financière des établissements expérimentaux, dont l’Université de Lyon a été un triste exemplaire.

Claude ne renonçait jamais, remontait au combat à chaque fois que cela était nécessaire. Il avait fédéré des collègues des différents établissements du site de Lyon et Saint-Etienne ; il avait su faire émerger une combativité collective qui tentait de résister aux effets du rouleau compresseur libéral et destructeur des réformes de l’ESR.

Sa disparition nous laisse, ses collègues, sidéré·es, tristes et aussi en colère, car il aura laissé dans la lutte plus que ses innombrables heures de travail.

Salut Claude, salut Camarade.