La lettre aux retraité.e.s n° 128 - Octobre 2021
QUINQUENNAT ET POUVOIR D’ACHAT DES RETRAITÉ.ES
Débattant avec F. Fillon en 2017 sur TF1, le candidat E. Macron lui reprochait de « vouloir faire des économies sur le dos des retraités ». Il affirmait aussi avec conviction sur France 2 : « Le niveau de vie des retraités, on doit le préserver » et dans une vidéo de campagne : « il n'y aura pas de perte de pouvoir d'achat » pour les retraité.es s’il était élu président (cf. vidéo).
Maintenant, à quelques mois de l’élection présidentielle 2022, il est temps d’examiner la réalité. Le gouvernement, s’appuyant sur un rapport2 annexé au Projet de Loi de Finances 2022, claironne que le pouvoir d’achat des Français a augmenté en moyenne et ceci plus que sous les deux quinquennats précédents, avec un gain plus important pour les revenus les plus modestes.
Le ressenti est différent, puisque selon un sondage récent3 presque 6 Français sur 10 estiment que leur pouvoir d’achat a baissé et ce sentiment est le plus fort pour les revenus les plus modestes.
Pour les actifs, le transfert de cotisations sociales vers la CSG et la défiscalisation des heures supplémentaires pouvait effectivement les conduire à une illusion de revenu amélioré, si on accepte d’oublier la perte de ressources pour la Sécurité Sociale, donc la dégradation des services publics de santé et la privatisation, qui a un coût. Les retraité.es, avec la CSG augmentée sans compensation par ailleurs, ne pouvaient évidemment que voir diminuer leur pouvoir d’achat.
Une étude4 de l’INSEE portant sur la période Janvier-Octobre 2018 conclut que le niveau de vie des ménages retraités a baissé de 2 %, plus que les 0,5 % de l’ensemble des ménages. Incidemment, cela illustre le décrochage de pensions par rapport aux salaires.
La période 2019 a vu les pensions revalorisées de 0,3 % alors que l’inflation était 1,3 %. Malgré la suppression progressive de la taxe d’habitation, cela se traduit globalement par une perte moyenne de 300€ pour 4,8 millions de ménages retraités, chez les plus aisés mais aussi chez les plus modestes déjà exonérés en tout ou partie de la taxe d’habitation (source OFCE).
On devait avoir une situation analogue en 2020, mais finalement le gouvernement a décidé une revalorisation différenciée (1 % si pension ≤ 2000€ bruts et 0,3 % sinon, avec un lissage atténuant l’effet de seuil) alors que l’inflation a été 1 %.
Enfin en 2021 c’est une revalorisation de 0,4 % nettement inférieure à l’inflation attendue estimée à 1,5 %, dopée notamment par la flambée des prix de l’énergie. Pour ceux d’entre nous qui sont poly- pensionnés et perçoivent une retraite complémentaire AGIRC ARCCO, cette retraite à points sera revalorisée de 1 % seulement au 1er novembre. On peut d’ailleurs remarquer que les pensions sont traitées presque comme des retraites à points, puisque le gouvernement s’affranchit de toute règle d’indexation des retraites sur les prix ou les salaires et ajuste chaque année selon sa vision de la situation économique ! (suite page 2) …/…