Salaire en début de carrière...

Publié le : 14/12/2018
 
Un enseignant-chercheur (EC) débutant recruté comme maitre de conférences (MCF), à 34 ans en moyenne, commence en pratique au moins au 2ème échelon, une partie de son expérience de recherche étant prise en compte. Il est ainsi à l’indice 525, soit 1 990€ net (https://www.emploi-collectivites.fr/salaire-fonction-publique).
 
Or le SMIC est actuellement à 1 184,93 €/mois. Cela fera 1 284,93 €/mois avec la prime de 100€ promise par Emmanuel Macron.
 
Soit 765€/mois de différence entre le salaire minimum et le salaire d’un métier à bac+8.
 
Mais qu’en est-il pour la suite de la carrière? Partons d'un exemple réel…
Un collègue MCF d’au moins 40 ans (sa thèse a débutée en 2001) a été reclassé au début du 4ème échelon, soit 2 400€ net.
 
Sa perspective de progression est réduite s’il ne passe pas professeur d'université (PU) ou MCF Hors Classe (HC) : il atteindra dans 15 ans, à 55 ans, le 9ème et dernier échelon, soit 3 150€ net environ.
 
Or, une grosse minorité des collègues promouvables à la hors-classe ne bénéficiera pas de cette promotion en l’état du système.
26% des MCF qui sont parti.e.s en retraite en 2015 étaient bloqué.e.s au dernier échelon de la classe normale. De plus, dans les années à venir, cela va redevenir plus difficile d’être promu.e à cause de la quantité de MCF qui se retrouvent dans la plage de promouvabilité : les recruté.e.s d’avant 2009 qui ont déroulé les échelons à partir du premier (ou presque), plus celles et ceux recruté.es après le décret « reclassement » de 2009, qui ont commencé aux échelons 2, 3 ou 4.
 
La situation financière des MCF s'avère plus défavorable que celle des agrégé.e.s.
 
Un.e agrégé.e débutant.e à 25 ans atteint le 11ème et dernier échelon de la classe normale en 25 ans (s’il ou elle a une bonification d’un an sur les deux possibles), soit à 50 ans. Il se trouve donc avec 5 ans d’avance au même niveau de rémunération que le MCF ci-dessus.
De plus, les agrégé.es passent et passeront bien mieux à la hors-classe du fait d’une gestion des carrières qui prend en compte les flux et favorise le déroulement pour le plus grand nombre. Le manque d’une politique de gestion des flux d’EC joue contre eux… Le rôle d’un syndicat, celui que défend le SNESUP-FSU, est de promouvoir une politique de promotion de carrière tenant compte de la gestion des flux.
Si le MCF de l’exemple ci-dessus, passe rapidement en hors-classe, puis à son échelon exceptionnel, au mieux il rattrapera vers la fin de sa carrière l’agrégé.
 
Face à ce manque de perspectives pour une carrière de MCF, le ministère a sa réponse : les MCF ont un corps de débouché !
Traduction : les MCF qui ne « débouchent » pas sur la situation de PU ne font pas assez d’efforts !!
 
D’où l’intérêt du mandat du SNESUP-FSU : un corps unique regroupant MCF et PU...
 
En effet, changer de corps pour passer de MCF à PU, c’est passer encore un diplôme - l’habilitation à diriger les recherches (HDR) - puis la qualification aux fonctions de PU, marquant la reconnaissance de leurs qualifications et de leur travail par la communauté universitaire, et enfin, des concours de recrutement auprès de diverses universités, sans garantie d’aboutir. La réalité est que beaucoup de MCF qualifié.e.s aux fonctions de PU ne deviennent jamais PU du fait du manque de postes. La situation est encore plus aigüe dans la période actuelle de diminution du nombre d’EC. Le corps électoral aux élections du CTU a diminué de 2 000 EC en 4 ans pendant que les effectifs étudiants subissaient une hausse de 240 000 !!