cneser05-09/11-intersynd
Déclaration intersyndicale
lors de la séance plénière du CNESER du 9 novembre 2005
SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNASUB-FSU, SGEN-CFDT, SNPTES-UNSA, AI-UNSA, Sup-Recherche-UNSA, UNEF, CGT, FERC-Sup
C’est au nom des syndicats (SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNASUB-FSU,
SGEN-CFDT, SNPTES-UNSA, AI-UNSA, Sup-Recherche-UNSA, UNEF, CGT, FERC-Sup) représentés
au CNESER, que nous nous adressons à vous.
Le « Pacte pour la recherche » vient en discussion aujourd’hui
au CNESER. Nous devons d’abord regretter que le CNESER ait été
ni informé, ni consulté sur la réflexion préparatoire.
Ce « Pacte pour la recherche » ne correspond, ni aux exigences formulées
par la Communauté scientifique depuis janvier 2004 et lors des Etats
Généraux de Grenoble, ni aux nécessités économiques
et sociales d’un pays au début de ce XXIème siècle.
Sur ce projet gouvernemental, à l’initiative des syndicats, de SLR, un nombre important d’Assemblées générales des personnels se tiennent dans les établissements d’Enseignement Supérieur et les laboratoires du CNRS et des EPST. Des réunions de Conseils sont organisées pour discuter de ces documents et voter des motions. Les organisations syndicales appellent, avec « Sauvons la recherche », à une manifestation nationale de la recherche et de l’enseignement supérieur le 23 novembre 2005.
Par le contenu de son « Pacte pour la recherche », le gouvernement confirme sa politique de précarisation des emplois et de déstructuration des établissements de recherche et du réseau des universités. Cette politique gouvernementale a été anticipée constamment, que ce soit par la mise en place de l’Agence nationale de la recherche, de l’Agence de l’innovation industrielle, d’un premier Campus de recherche….
En tant qu’élus CNESER, compte tenu de la mission de celui-ci, nous tenons à vous faire part de nos remarques sur des points précis :
- La précarité des jeunes chercheurs serait aggravée, notamment avec la création de nombreux CDD, notamment à partir des financements sur contrats de l’ANR et l’augmentation du nombre d’ATER, par l’absence de programmation de postes statutaires. Quant aux mesures pour les doctorants, elles sont insuffisantes.
- Rien n’est prévu pour améliorer les conditions de travail, de vie et de réussite des étudiants, notamment à l’entrée en premier cycle, alors qu’il faudrait que la dépense moyenne par étudiant à l’université soit portée au moins à 9 000 € par an selon le chiffrage de la CPU.
- En l’état, l’avant-projet des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur mettrait en cause le lien enseignement-recherche à tous les niveaux L, M et D et le maillage universitaire de l’ensemble du territoire, avec des universités à plusieurs vitesses, avec la concentration des moyens sur un petit nombre de pôles. En outre, elle mettrait aussi en danger la stabilité voire les statuts et les missions des personnels, à commencer par les ITA et IATOS.
- Les « campus de recherche" sur le modèle imposé par Matignon de l'Ecole d'Economie de Paris sont totalement contradictoires avec la volonté d'élever partout le niveau des connaissances et de porter à 50% d’une génération le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. Ils sont même rejetés par toute la communauté universitaire.
- Le rôle dévolu à l’Agence d’évaluation de la Recherche, qui constitue un des éléments essentiels du projet, dissocierait l’évaluation des laboratoires de celle des personnes et consacrerait, pour les enseignants chercheurs, la séparation des évaluations de l’ensemble de leurs activités. C’est à l’opposé des principes défendus par la CPCNU et la CPCN.
- La représentation démocratique des personnels dans les instances est évacuée, notamment dans le Haut Conseil de la Science ou l’AER.
- Enfin, ce texte organise la soumission aux intérêts à court terme, privés et le pilotage quasi exclusif de la recherche par le gouvernement avec le rôle confié aux agences en matière de financement.
On est aux antipodes de ce que demandaient les Etats Généraux de Grenoble, avec des financements récurrents, des coopérations librement choisies et l’association de la communauté scientifique et de la société civile à la définition de la politique de recherche.
La situation est aggravée par la faible proportion du budget 2006 attribuée à la recherche publique et par le refus gouvernemental de toute programmation pluriannuelle des emplois de toutes les catégories de personnel. Elle est aggravée par la montée en puissance des budgets de l’ANR et de l’AII et par la prévision d’une croissance zéro des financements de la recherche publique.
Les organisations syndicales ont œuvré pour une loi sur la recherche qui soit une vraie loi d’orientation et de programmation. Nous vous demandons que le gouvernement ouvre une vraie négociation, sur d’autres bases, prenant en compte les conclusions des États Généraux de la Recherche et répondant aux besoins de la société en termes de recherche publique. Nous vous demandons que l’élaboration de cette loi intègre les critiques et les demandes exprimées au cours de ce CNESER.
Paris, le 9 novembrei 2005