Enseignement superieur et recherche : d'autres choix que l'austerite sont possibles
Le dépôt par le gouvernement, puis le vote, par une majorité de députés, d'un amendement au PLF2015 inscrivant une baisse de 136 M€ (soit - 0,60 %) du budget de la MIRES par rapport à 2014 est un démenti cinglant aux annonces ministérielles triomphalistes, qui prétendaient encore tout récemment que l'Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) seraient « sanctuarisés » et épargnés par les restrictions budgétaires.
Cette nouvelle amputation, qui s'ajoute aux annulations de crédits déjà opérées en 2014, confirme le désengagement de l'Etat des missions de Service Public d'ESR. Les propos de G. Fioraso sur l'augmentation des droits d'inscription des étudiants étrangers en sont une manifestation, le lendemain même de la coupe de 136 M€, à propos de laquelle la secrétaire d'Etat a été d'un mutisme aussi exceptionnel que remarquable.
L'enquête effectuée par le SNESUP-FSU dans les universités, et les témoignages de présidents d'universités et d'élus dans les conseils et les instances, exprimés lors de la journée du 20 novembre (voir le dossier de presse Le-Snesup/L-actualite-du-SUP?aid=7152&ptid=5&cid=30) sont unanimes : toutes les universités, aussi diverses soient-elles, sont en difficultés budgétaires sérieuses ! Au moment où les effectifs étudiants, en particulier dans les licences Sciences et Techniques, augmentent, il est au contraire urgent de mettre en oeuvre une politique ambitieuse de l'ESR, accompagnée de moyens et de postes.
D'autres choix que l'austérité sont pourtant possibles, telle la mise en cause des milliards distribués sans contrôle et sans aucune démonstration d'efficacité dans le cadre du crédit impôt recherche.
Les parlementaires sont de plus en plus nombreux à contester la politique d'austérité du gouvernement, notamment pour l'ESR : après le vote d'un amendement sur le CIR par la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, c'est celle du Sénat qui propose de ne pas adopter le budget de la MIRES compte-tenu de sa diminution !
Dans la communauté universitaire l'exigence d'autres orientations grandit. En témoignent les motions qui seront mises au vote le 24 novembre au CNESER ; en témoigne la large mobilisation qui se prépare pour le 11 décembre à l'appel de syndicats et de collectifs encore plus nombreux que lors de la manifestation du 17 octobre.
Paris, le 24 novembre 2014
1« Rien n'est tabou, on peut en parler. Les droits d'inscription en France sont quasiment gratuits. Les augmenter de 10 à 15 % ne servirait à rien. [...] Les Asiatiques qui viennent chez nous, et qu'on veut accueillir de plus en plus nombreux, ainsi que tous les jeunes des pays émergents, pourraient payer des droits différenciés, parce que leurs familles n'ont pas contribué à l'effort collectif » propos tenus par G. Fioraso lors d'une rencontre avec J. Tirole le 19 novembre, et rapportés par « Les Echos ».