Flash n°63 (html)


ALERTE SUR LE FINANCEMENT DES UNIVERSITÉS
La lettre Flash au format pdf (mise en page originale)
Coup sur coup deux rapports parlementaires*, suscités par la Ministre
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche*, viennent encourager
la disparition de règles de financement public, équitables
et nationales, pour les universités, les IUT, les Ecoles internes.
Le constat des insuffisances et de l’inégalité actuelle
des dotations budgets et postes -amplifiés ces dernières années-
est flagrant et il est reconnu : la cour des comptes a relevé que le
taux d’encadrement des universités, s’il s’inscrivait
entre 0,66 et 1,25 en 1999, est dans l’intervalle 0,54-1,44… 6 ans
plus tard !
Le sénat souligne que dans le budget 2008, près de 80% des augmentations
de crédits alloués au programme de la LOLF « Formations
supérieures et recherche universitaire » ont été
détourné de leur vocation et que les dotations des deux dernières
années ont négligé les critères SANREMO. Les deux
assemblées rappellent que la France consacre aux établissements
d’enseignement supérieur une part du PIB inférieure à
la moyenne des pays de l’OCDE (en 2006). Ce sont ces assemblées
qui votent les budgets !
Les préconisations des deux rapports s’appuient sur des travaux
confidentiels de prospectives conduits au MESR* menés
sans aucune concertation ni information du CNESER et des organisations syndicales.
Elles s’inscrivent dans des présupposés défiant toute
logique argumentaire. Ainsi, on lit
• « difficile (sic) de continuer […] à flécher
les crédits des composantes internes … telles les IUT »
• « un critère quantitatif vertueux (sic) : le nombre d’étudiants
présents aux examens » (Sénat)
• « contrairement au système SANREMO qui retenait 43 types
de formation, le souci de simplification impose (sic) de ne plus retenir qu’un
nombre limité (2 ou 4) »
La déclinaison de ces orientations libérales est sévère
• Allouer de 10% à 30%, dès 2009, des crédits «
formation » et « recherche » sur des indicateurs de «
performance » (en vrac, résultats aux examens, « chercheur
publiant », brevets, volume de financement privé obtenu, insertion
professionnelle, docilité dans la mise en œuvre de la loi LRU et
des compétences élargies…)
• Proposer aux universités qui perdraient des postes budgétaires
(des titulaires sur statut) une masse salariale correspondante (? pour des emplois
précaires !!)
• Supprimer, de fait, tous les indicateurs objectifs (nombreux et différenciés),
les débats dans des instances représentatives, pour renforcer
un pilotage budgétaire technocratique fondé exclusivement sur
les évaluations de l’AERES et sur un « dialogue » entre
l’établissement et le ministère seul
• Sous-traiter à un opérateur privé (organisme «
indépendant ») l’élaboration d’un cahier des
charges (vocable technocratique valise) d’outils d’évaluation
de l’insertion professionnelle et sous traiter à un prestataire
de service le suivi d’une cohorte nationale (Sénat)
• Faire disparaître toute possibilité d’arbitrage et
de régulation nationale par des instances représentatives de la
communauté universitaire et largement élues (CNESER, CSRT…)
Ajoutant à ces deux rapports parlementaires celui de l’IGAENR* qui vise à rendre obligatoire (ce n’est pas dans la loi LRU !) la dévolution complète du patrimoine (locaux) aux universités, on mesure l’amplification des inégalités.
Le pouvoir veut mettre en place un système totalement concurrentiel
qui, de fait, réduit encore le caractère national des diplômes
universitaires et leur reconnaissance.
Le SNESUP s’y oppose avec détermination, il appelle les organisations
syndicales, les collectifs, les parlementaires à combattre solidairement
cette mystification.
* Rapport du Sénat (10 juin) et Mission d’Evaluation et de Contrôle
– Assemblée Nationale (25 juin)
* AERES Agence d’évaluation de la Recherche et de l’enseignement
supérieur (100% « experts » nommés)
* MESR Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche,
IGAENR=Inspection Générale…
A contrario de ces logiques le SNESUP propose !
Il faut augmenter de manière significative le budget de l’enseignement
supérieur et de la recherche. Les rattrapages incomplets des décrochages
des dix dernières années ne suffisent pas pour atteindre le niveau
visé : 50% d’une classe d’âge diplômée
du supérieur et une société « de la connaissance
».
Quels indicateurs ?
L’objectif d’évaluation pour lequel sont déclinés
les indicateurs dans le cadre de la LOLF est financier, alors que, pour le SNESUP
l’évaluation doit avoir pour objectif d’améliorer
l’enseignement supérieur et la recherche au sens d’une efficacité
scientifique et sociale. Nombre de questions ne peuvent être abordées
sans étudier les aspects qualitatifs et exigent débats dans des
instances reconnues.
Quant aux indicateurs quantitatifs, fondés sur les données fournies
par les établissements, ils sont loin d’être uniformes, fiables
et comparables mais ils sont tous indispensables. Doivent être pris en
compte la réelle diversité des établissements, des activités
de recherche et de formation. Pour les disciplines rares, qu’il faut maintenir
au niveau national, une carte nationale doit être prévue, accompagnée
des moyens nécessaires pour les étudiants et les personnels.
Le SNESUP propose des indicateurs pour intégrer la CSP des parents, la
diversité des disciplines étudiées, et des modalités
pédagogiques mises en place, …d’exclure des indicateurs «
instantanés » qui sont très biaisés par les alea
(statistiques sur de petits effectifs). Il revendique que soit pris en compte
: le temps moyen d’accès aux sites de l’université,
le nombre de chambres CROUS, la diversité sociologique du public étudiant
accueilli dans chaque université, le pourcentage de bacheliers technologiques
(STT-STI) et professionnels, celui des boursiers …
Le SNESUP entend que soit apprécié l’efficacité sociale
: taux de bacheliers technologiques (STT-STI) et professionnels ayant réussi
en L1, rupture d’études différentiée par CSP au cours
du cycle L, maintien du taux de boursiers de L1 à M2, maintien des répartitions
CSP de L1 à M2, pourcentage des boursiers ayant réussi le cycle
L…Il entend que soit prises en compte les réalités
des conditions de travail des personnels et des étudiants :
équipement informatique, locaux de travail, bibliothèques, salles
de TP, mais aussi la part des heures d’enseignement assurées par
des vacataires, des contractuels, des personnels statutaires (et selon leurs
statuts).Cohérence, dynamisme et pluridisciplinarité des cursus
doivent être pris en compte : cursus mixtes (pourcentage et nombre), réorientations
réussies (pourcentage et nombre), formation continue et VAE (pourcentage
et nombre, évolution)
La question de la répartition des moyens est liée à
l'habilitation des formations,
Que signifie, pour l'Etat, habiliter une formation ? S'il s'agit uniquement
d'accorder un label de qualité en laissant aux universités autonomes
et au "marché" des formations supérieures le soin de
réguler l'offre de formation, il est assez logique qu'une habilitation
n'entraîne pas nécessairement un engagement financier de l'Etat
puisqu'il ne contrôle pas, par l'habilitation, l'ouverture des formations.
Avec la communauté universitaire, le SNESUP défend ici une autre
logique: l'Etat doit se préoccuper de la carte nationale des formations
dans l'objectif de répondre aux besoins de long terme de l'ensemble de
la société et pas seulement des besoins immédiats des entreprises.
Une formation répondant aux besoins de la nation, doit être financée
intégralement. Conserver des normes nationales pour garantir l’égalité
des diplômes comme l’équité dans la reconnaissance
des équipes de recherche tant en postes qu’en budget est indispensable.
En ce sens l’affectation de moyens spécifiques aux filières
lUT, aux masters pro, aux écoles d’ingénieurs, aux IUFM,
est nécessaire.
Le SNESUP propose de :
• Refonder les normes de répartition des moyens par un travail
de fond effectué au CNESER, à partir d’une évaluation
des besoins actuels et des pratiques pédagogiques d’aujourd’hui
dans les établissements (CEVU) et d’une conférence nationale
des VP CEVU associée au CNESER.
• Etablir des normes d’affectation et de mutualisation (BQR, PRECIPUT
ANR) et des possibilités de recours quant à la distribution des
crédits recherche dans les établissements aux différents
laboratoires. Améliorer les conditions de détermination de besoins
en emplois recherche (enseignants-chercheurs, chercheurs et personnels IATOSS);
y associer les vice-présidents CS des établissements sous la forme
d’une conférence nationale elle aussi associée au CNESER.
En parallèle, il faut affecter des moyens humains et une reconnaissance
des activités des enseignants et enseignants-chercheurs qui sont amenés
à traiter des questions très gourmandes en temps : orientation,
suivi et tutorat des étudiants, définition et suivi des stages.
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