Former des Maîtres, mai 2009

Publié le : 14/05/2009

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Editorial

La réforme
du
recrutement
et de la
formation :
tentatives
de passage
en force

par Sylvie Plane responsable du collectifFDM

par Stéphane Tassel secrétaire généraldu SNESUP

Cet édito prend le relais de ceux de Martine
Gest, qui, tout en menant à bien ses activités
d’élue, continue de travailler avec nous
avec la combativité et le dévouement dont
elle a toujours fait preuve et qui sont plus que
jamais nécessaires dans la période troublée
que nous connaissons. Nous sommes en effet
face à des projets gouvernementaux lourds
s’attaquant à la carrière des enseignants
chercheurs, l’emploi, l’avenir de la recherche
publique et des organismes et, nous concernant
plus directement, la formation des
enseignants. Tout cela a conduit les collègues
à mener plus de 15 semaines d’un
mouvement d’une exceptionnelle ampleur.
Les visées dissimulées de la réforme du recrutement
et de la formation des enseignants
sont maintenant claires. Elle ne doit pas servir
de prétexte à des changements destinés
à vider de leur contenu la formation, à faire
des économies, à fragiliser le statut des enseignants
mais à satisfaire la revendication
légitime du SNESUP de voir les cinq années
d’études supérieures nécessaires pour exercer
le métier d’enseignant reconnues par un
master !

Ce projet de réforme s’inscrit donc dans un
projet de société global marqué par le désengagement
de l’État, la mise en concurrence,
le mépris pour les biens immatériels que sont
l’éducation, la santé et la culture. C’est un
déni des responsabilités à l’égard des générations
futures.

Les multiples tentatives de passage en force
témoignent du même mépris des valeurs
que nous défendons. Leur liste pourrait être
longue : calendrier précipité et intenable,
stratégie de communication agressive allant
jusqu’à la suppression du mot même d’IUFM
révélatrice des visées gouvernementales.

Cependant, le gouvernement tente de donner
le change, en organisant une consultation.
Mais il impose des délais expéditifs ;
il dissocie les instances de consultation en
mettant en place d’une part des groupes
auditionnant les organisations syndicales,
d’autre part la commission Marois-Filâtre ;
il découpe le dossier de façon à ne pas créer les conditions d’un réel débat.
Le projet qu’il tente de faire passer prolonge
un objectif porteur de menaces
qu’il nous faut décrypter et combattre :
précarité dans l’enseignement, sélection
fondée sur les capacités pécuniaires des
étudiants à auto-financer leurs études,
affaiblissement de la formation et surtout
remplacement de la formation initiale
pendant l’année de stage par de la
formation continuée

Et qu’attendre de la promesse de revalorisation
accompagnant la mastérisation
? L’élévation du niveau de
qualification des futurs enseignants vaudra-
t-elle à toute la profession la légitime
revalorisation salariale tant attendue ? Les
annonces ministérielles n’ont pas manqué
sur le sujet mais aucune information
n’a été donnée sur le montant et les
modalités de cette revalorisation. En
revanche, ce qui est clair c’est que la
réforme supprime la rémunération de la
cinquième année d’études (et sa prise en
compte pour la retraite), et tente de dissimuler
ce lourd préjudice pécuniaire en
offrant des stages peu payés.

Cependant, de nos luttes dans les universités
et les IUFM se dégagent des éléments
constructifs : d’une part, des rencontres
fructueuses ont permis de croiser
les points de vue entre UFR et IUFM, permettant
de lier formations disciplinaires
et professionnelles, de surmonter des
oppositions stériles entre collègues.
D’autre part, et cela nous aide à tenir
avec fermeté : les étudiants et stagiaires
se sont fortement engagés dans les combats
que nous menons pour défendre
la formation des enseignants.

Aujourd’hui, maintenir la pression sur le
gouvernement est nécessaire pour obtenir
un véritable report de la réforme et
satisfaire notre revendication d’une
toute autre réforme.

Le SNESUP y est prêt, de concert avec les
collègues et avec les autres syndicats de la FSU concenés.