La CNCP : un rôle constructif

Publié le 19 novembre 2012

La CNCP : un rôle constructif

par Pierre Narbonne, représentant FSU à la CNCP

Créée par la loi de modernisation sociale de 2002, la CNCP a vu le champ de ses missions élargi par celle du 24 novembre 2009. Ses moyens de fonctionnement demeurent néanmoins trop limités.

La loi de modernisation sociale de 2002 a durablement modifié le paysage de la formation et de la certification professionnelles en France : d’abord par la mise en place de la VAE, qui en constitue l’aspect le mieux connu (et le plus médiatisé), mais également par la création de la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP(1)), chargée, entre autres missions, d’établir le répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Le champ des missions de la CNCP, fixé par cette loi, a été notablement étendu par la loi du 24 novembre 2009(2). 
Un des objectifs essentiels assigné à la CNCP par la loi de 2002 était d’introduire de la lisibilité dans un système de certifications professionnelles (diplômes, titres, CQP(3)...) devenu particulièrement complexe et foisonnant. Présenter d’une manière accessible à tous l’information sur les certifications professionnelles inscrites tout en apportant une valeur nationale et un label de qualité à ces certifications, telle est la finalité fondamentale du répertoire. Le législateur a instauré deux modes d’enregistrement au répertoire : une inscription de droit (pour les diplômes et titres à finalité professionnelle délivrés au nom de l’État et créés après avis d’instances consultatives4) et une inscription sur demande, après instruction par la CNCP, au vu d’un dossier déposé par l’organisme responsable de la délivrance de la certification. L’inscription de droit est difficilement acceptée par certains acteurs, qui en ont demandé la suppression : si celle-ci n’a pas été obtenue, la loi de 2009 a prévu que la CNCP émette un avis public sur l’opportunité de la création des certifications inscrites de droit, préalablement à leur élaboration.

Les compétences de la CNCP 


La CNCP n’est compétente que sur les questions de certification et n’a pas de pouvoir de régulation directe sur les organismes de formation. Lors de l’étude des demandes d’enregistrement, les critères qu’elle prend en compte portent sur des aspects liés à la certification et à l’insertion : cible professionnelle et opportunité de la création ; ingénierie de la certification, construite en termes de compétences et de résultats d’apprentissage, et non sur la base de programmes de formation ; accès prévu par la VAE ; insertion des titulaires de la certification sur 3 promotions). Elle n’a pas la capacité à s’opposer à la création d’une certification (ce qui est impossible dans le cadre du marché de la formation) ; elle peut seulement, sur la base des critères précédents, refuser l’inscription d’une certification au répertoire. Elle peut émettre des recommandations à l’adresse des institutions délivrant des certifications. Si le répertoire est la partie la plus visible du travail de la CNCP, celui-ci ne constitue pas son seul champ d’action. Elle est ainsi chargée d’élaborer une « nouvelle nomenclature des niveaux de certification en rapport avec les emplois occupés » (en remplacement de la nomenclature de 1967/ 1969 actuellement utilisée dans les fiches « répertoire »), ou encore de « signaler les éventuelles correspondances totales ou partielles entre les certifications enregistrées dans le répertoire national... ». 
Dans son objectif fondamental d’apporter aux usagers une information la plus complète possible, la CNCP a, depuis la loi de 2009, la mission d’établir, à côté du répertoire, un inventaire des certifications transversales (de type habilitation…), qui deviennent de plus en plus souvent indispensables pour l’exercice de certaines professions ou activités (en particulier dans les domaines liés à la sécurité au travail). 
La dimension européenne de l’activité de la CNCP s’est développée tout au long des 10 ans de son existence, conséquence logique de l’implication de plus en plus marquée des institutions européennes dans les champs de la formation et de la certification professionnelle. La CNCP est devenue le point national de coordination dans le CECP (cadre européen des certifications pour l’éducation et la formation tout au long de la vie)5. À l’interface entre les systèmes de formation et les systèmes productifs, les opérations liées à la certification professionnelle représentent des enjeux considérables pour l’ensemble des citoyens et au-delà d’aspects techniques complexes, ont une dimension politique et sociale essentielle (conditions d’exercice des activités professionnelles, reconnaissance des qualifications…). Ce qui explique l’intérêt que leur portent les institutions européennes. 
Face à des missions en constante évolution et malgré des moyens de fonctionnement trop limités, la CNCP, où sont présents tous les acteurs concernés par la certification professionnelle, a su devenir un lieu de débat et s’imposer comme l’instance de référence en France en matière de certification professionnelle.  

(1) Qui comprend 43 membres. 
(2) Loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie. 
(3) CQP : certificat de qualification professionnelle. 
(4) Comprenant organisations représentatives d’employeurs et de salariés. 
(5) CECP : il s’agit d’un cadre ayant pour objectif de permettre la mise en relation des cadres nationaux de certification (pour les pays qui en disposent).