Mensuel 568 d'octobre 2008

Éditorial:
La saison des aveux
- par Jean Fabbri secrétaire général du SNESUP-FSU
Les turbulences financières actuelles minent l’activité économique et les échanges commerciaux nationaux et internationaux qui la sous-tendent. Pour les populations à l’écart du développement mondial ou exclues du partage des fruits du travail – comme il en est tant en France – cette crise prolonge la pauvreté et la misère. Elle menace aussi directement l’emploi et le revenu des salariés comme le pouvoir d’achat des pensions.
Si cette crise inquiète, il en est pour qui seule « une purge régulatrice » est la planche de salut d’un capitalisme (voyez comme le mot revient !) qu’il conviendrait de rendre moins financier voire moins sauvage. Les mêmes qui ont théorisé, accompagné, profité de la mondialisation débridée d’une économie financière, s’avancent aujourd’hui comme les Diafoirus des économies du monde !
La saison est aux aveux. Coup sur coup Jacques Lesourne*, Elie Cohen déballent crûment, plus brutalement encore que Valérie Pécresse, le sens des interventions législatives et gouvernementales dans l’enseignement supérieur et la recherche. Faire disparaître le tissu universitaire national est l’objectif avoué : spécialiser et concentrer sur certains sites, sur certaines thématiques des moyens financiers de toutes origines en appâtant les collectivités territoriales par des retombées économiques, et certains collègues par des rémunérations rivalisant avec celles des « traders ». Il n’est pas sûr que ce modèle de concurrence débridée soit, à la lumière d’aujourd’hui, convaincant !
C’est avec lucidité sur le fond des analyses et dans l’action que le SNESUP prend toute sa place dans la bataille pour un développement raisonné de l’économie, appuyé par des services publics forts, soutenu par un effort budgétaire visant à la fois à réduire les inégalités sociales et à donner un essor sans précédent à la recherche et à la formation. La marche nationale du 19 octobre, unitaire et déterminée y a contribué. D’autres formes d’action, sur la durée, s’enracinant dans la grève administrative, sont indispensables.
* Le Figaro, 2 octobre 2008
Au sommaire :
ACTUALITÉ
- Un budget catastrophique
- Enseigner est un métier qui s’apprend
MÉTIER
- Élections professionnelles « second degré »
- Procédures de recrutement 2008-2009
DOSSIER « Être précaire à l’université »
La démolition des services publics ne fragilise pas seulement les liens sociaux, produisant de mois en mois plus d’exclus, elle vise aussi – et avant tout – à réduire la dépense publique la plus solidaire. L’explosion du travail précaire est la conséquence directe de cette logique. La précarité, le patronat s’en sert en France dans les entreprises privées, grandes ou petites, de manière extensive depuis une vingtaine d’années. Ouvriers, caissières de supermarché... par centaines de milliers, obligés pour vivre d’accepter des conditions de travail, de sécurité, de protection sociale, de salaires qui brident toute perspective d’investissement professionnel et de construction de solidarités entre les salariés. La même stratégie est à l’oeuvre par l’État employeur, avec les mêmes conséquences. Aucun des services publics n’y échappe.
MONDES UNIVERSITAIRES
- Le plan licence à l’épreuve du terrain
- Il y a cinquante ans : la réforme hospitalo-universitaire
- Prêts « Pécresse » pour les étudiants : Un droit à l’endettement inacceptable !
- Démocratisation de l’enseignement supérieur : nous devons mieux faire
INTERNATIONAL
- Bolivie : Tuer « l’Indien » ?
- Italie : La FLC-CGIL appelle à la grève
- Russie : le syndicat de l’Académie des sciences
ENTRETIEN
- avec Jacques Généreux
CULTURE
- Entretien avec Patrick Sommier : Menaces sur la MC 93
SNESUP POINT COM
- Fédérer les énergies, mutualiser les expériences, poursuivre la résistance