Mensuel n°576 de juin 2009

Publié le 24 juin 2009

Mensuel Le Snesup n°576 de juin 2009 (Adobe Acrobat 2.5 mb)

Construire les résistances et les alternatives

  • par Stéphane Tassel, Michelle Lauton

Le scrutin européen a été marqué par une inquiétante abstention populaire, la progression de la droite et l’extrême droite. En France, l’UMP et le gouvernement instrumentalisent, à leur avantage cette aubaine pour légitimer et accélérer leurs contre-réformes : loi Hadopi, loi Bachelot, rapport « Léger » sur la justice pénale... Les suppressions d’emploi, dans le privé et le public, touchent de nombreux foyers et de nouvelles menaces sur les retraites s’annoncent. Après quatre mois d’un mouvement sans précédent, ni l’enseignement supérieur, ni la recherche, n’ont reçu de nouvelle réponse à leurs revendications lors de l’intervention de N. Sarkozy devant le Congrès. Ils semblent écartés du financement des « priorités nationales » de l’emprunt d’état.

Le gouvernement passe en force sur la formation des maîtres et sur les organismes de recherche, notamment le CNRS. Il accélère la restructuration de l’Enseignement supérieur en annonçant pour décembre 2009 le rapprochement des 83 universités et des 225 écoles dans 15 PRES. Il annonce devant le congrès le renforcement du ségrégatif plan « campus ».

À l’issue de quatre mois du mouvement de contestation : quel est le bilan d’étape ? Alternant provocations et concessions, le gouvernement a maintenu le coeur de ses visées initiales, mais il a reculé sur certaines. Il a dû revenir sur les suppressions d’emplois dans l’Enseignement supérieur et la Recherche. Il a revu son projet initial de statut des enseignants chercheurs en redonnant au CNU un rôle dans la gestion des promotions et des CRCT. Il a dû concéder des améliorations de carrières : prise en compte des activités doctorales et post-doctorales, améliorations des carrières des professeurs. Il a publié – geste politique – une circulaire modifiant sa conception initiale de la « modulation des services ». Il a été contraint de proposer pour 2010 des dispositions transitoires au processus de « mastérisation ».

Ces résultats sont-ils suffisants ? NON !

Esquivant l’affrontement avec la ministre et le gouvernement, certains prétendent « refonder l’université », sur des bases éloignées de notre conception du service public en détournant la communauté scientifique de son objectif de résistance à la loi LRU et au Pacte Recherche. À la différence, c’est en s’appuyant sur les idées générées par le mouvement dans les universités et les IUFM que le SNESUP sera en mesure d’avancer ses propositions pour changer de cadre législatif. Nous devons rester mobilisés et être prêts à relancer l’action dès la rentrée pour faire aboutir nos revendications sur le recrutement et le statut des universitaires, la formation des enseignants, les moyens et les emplois pour le service public, le développement coopératif de l’université et des grands organismes. Profitons pleinement des quelques moments de repos estival pour faire le plein d’énergie revendicative !