Prés. Univ.Bourg à Chirac

Publié le 31 mars 2006

Courrier à J. Chirac, Président de la République (31/03/2006)

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par Jean-Claude Fortier, Président de l?université de Bourgogne


Courrier au Président de la république
de Jean-Claude Fortier

Président de l?Université de Bourgogne
Ancien Président de la Conférence des Recteurs Français


Nos Réf. JCF/FV/N°5163

Monsieur le Président de la République

Je prends la liberté de vous écrire en qualité de président de l?université de Bourgogne, responsable à ce titre de l?avenir des étudiants et soucieux de la paix civile, pour vous faire part de mes plus vives inquiétudes ? qui sont celles aussi des membres du bureau de l?université ? devant la situation extrêmement grave et peut-être irréversible que ne manquerait pas de déclencher une promulgation immédiate de la loi contenant le contrat première embauche.

Il est de votre responsabilité et de votre pouvoir constitutionnel de différer cette promulgation pour permettre au Parlement de reprendre la loi dite d? « d?égalité des chances » sur la question du contrat première embauche, et pour initier l?ouverture immédiate de discussions avec l?ensemble des partenaires sociaux sur la situation de l?emploi en France et notamment de l?emploi des jeunes.

On assiste aujourd?hui à une radicalisation dangereuse des positions, que certaines déclarations publiques ne font qu?attiser. Les présidents d?université, les directeurs des unités de formation et de recherche, et tous les personnels ont à gérer des situations de plus en plus conflictuelles ; pour ce faire, ils ont maintenu jusqu?alors le dialogue avec toutes les parties. Or les universités sont devenues les otages, non seulement de ceux qui utilisent le blocage partiel ou total des lieux d?enseignement pour exprimer leur angoisse et le refus du CPE ? aucun responsable universitaire ne saurait cautionner ce moyen d?action ? mais plus encore désormais de l?attitude du gouvernement de notre pays.

Les enseignements du deuxième semestre de l?année universitaire 2005-2006 et la qualité des diplômes à délivrer aux étudiants français, comme aux nombreux étudiants étrangers que nous accueillons, peuvent encore être préservés. Ceci implique que la reprise des cours puisse être mise en ?uvre dans les tout prochains jours. Ceci ne pourra se réaliser qu?à condition que adressiez ce soir à la Nation un message fort d?écoute et de compréhension.

Fondant beaucoup d?espoir sur votre volonté d?apaisement et de retour rapide à un fonctionnement normal du service public d?enseignement, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République, l?expression de ma très haute considération.