Rapport Saint-Girons: l'orientation n'est pas le problème, l'orientation active n'est pas la solution !

Publié le : 29/05/2009


Communiqué SNESUP du 29 mai 2009

Rapport Saint-Girons: l'orientation n'est pas le problème, l'orientation active n'est pas la solution !

Bernard Saint-Girons - délégué interministériel à l'orientation - a remis à la ministre de l'enseignement supérieur son rapport sur le dispositif d'orientation active, conséquence de l'introduction de la pré-inscription obligatoire dans la loi LRU. Les propositions de ce rapport visent toutes à obtenir une application complète d'un dispositif sous couvert duquel s'effectue la mise en place d'une procédure de sélection déguisée que le SNESUP continue à contester. Ces propositions ne sont pas sans rappeler certaines des mesures préconisées dans « l'appel des refondateurs » publié dans Le Monde il y a deux semaines.

Dans ce rapport, il est fait le constat d'une mise en œuvre très partielle du dispositif, en grande partie due aux propres réformes du gouvernement : le LMD et la carte des formations devenue totalement illisible, la loi LRU et l'exacerbation de la concurrence qui mine toute possibilité d'action concertée entres établissements, les suppressions d'emplois qui réduisent drastiquement toute possibilité d'investissement supplémentaire des personnels dans les nouvelles missions dévolues aux universités (i.e. Orientation et insertion professionnelle). Face aux difficultés que rencontre la ministre sur ce dossier, ce rapport en est réduit à proposer -tout en présentant comme "nouvelle opportunité" le passage aux compétences élargies, auxquelles le SNESUP s'oppose, l'usage de la performance comme moyen de pression sur le financement des universités. Cette performance serait mesurée à l'aide de critères quantitatifs dont la pertinence et la validité sont remises en question dans ce document !

Ce rapport persiste par ailleurs à présenter les insuffisances du système d'orientation comme la cause majeure de l'échec étudiant, pensant ainsi pouvoir passer sous silence les dégâts causés par la politique éducative et sociale suivie ces dernières années. Il persiste à présenter comme solution miracle la réorientation au cours de la première année, oubliant qu'il faut du temps aux étudiants pour découvrir des matières nouvelles ou l'enseignement à l'Université. Il persiste à vouloir éloigner les bacheliers professionnels de poursuites à l'université. Il propose la méthode des "bonnes pratiques" censées servir de modèles à transposer, sans analyser les conditions de leur réussite.

Les réformes actuelles, que la communauté universitaire conteste très majoritairement par une mobilisation sans précédent de quatre mois, marquent une étape de plus de cette dégradation.

Pour le SNESUP, la résorption de l'échec étudiant passe d'abord par une tout autre politique éducative au sein de laquelle l'orientation ne peut être qu'un levier parmi beaucoup d'autres. Une des premières conditions à remplir est l'amélioration des conditions de vie des étudiants (bourses, logement...), afin d'éviter qu'ils vivent dans la précarité. L'amélioration des relations lycée-université, préconisée par le rapport, en est une autre. De la même manière, les équipes enseignantes - au lycée comme à l'université - peuvent jouer un rôle important dans l'information des lycéens et étudiants sur les parcours de formation. Le dispositif d'information et de conseil doit reposer principalement sur les personnels et services d'orientation dont c'est la mission première. Dans ce cadre, il est impératif et urgent de renforcer significativement ces services.

Paris, le 29 mai 2009