Réaction du SNESUP-FSU à la proposition d'appel à projet du Président du CNRS sur les attentats

Publié le 19 novembre 2015

Réaction du SNESUP-FSU à la proposition d'appel à projet du Président du CNRS sur les attentats

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Dans le contexte dramatique des attentats de vendredi dernier, qui ont plongé tous nos concitoyens dans la sidération et gravement touché les personnels de l'ESR, il est particulièrement malvenu d'utiliser l'émotion légitime de la communauté universitaire pour lancer un appel à projet devant financer une recherche de circonstance, et ainsi de prendre le risque de polluer l'atmosphère avec d'inutiles polémiques.

Le SNESUP-FSU souhaite réagir au courrier transmis hier par Alain Fuchs, Président du CNRS (voir pièce jointe), qui présente une initiative que nous jugeons extrêmement malheureuse : lancer des projets de recherche sur les problématiques soulevées par les attentats. Si nous ne pouvons en effet que souscrire à l'idée que l'Université et le CNRS ont un rôle éminent à jouer dans la compréhension des menaces qui pèsent sur le monde, de leurs multiples ressorts historiques et sociaux, nous sommes en droit, en revanche, d'exprimer les plus grandes réserves face à l'appel à projet improvisé qui conclut la lettre d'Alain Fuchs. Rappelons que les chercheurs n'ont pas attendu ces massacres pour travailler sur ces problématiques.

On a beaucoup reproché à certains responsables politiques leur propension à légiférer dans l'urgence, de façon plus ou moins adaptée, en réaction à chaque événement tragique. La même mise en garde devrait s'appliquer a fortiori aux responsables scientifiques : une politique de recherche ne peut pas "s'improviser" à la faveur d'événements d'actualité, si dramatiques soient-ils.

Nous avons été nombreux ces dernières années à déplorer que nos missions de recherche soient de plus en plus systématiquement placées dans une perspective de "contribution au redressement de l'économie, de la croissance, de la création de richesses et d'emplois" (Loi de juillet 2013). De même que nous refusons le pilotage de nos activités par la seule logique économique, de même nous n'acceptons pas que nos projets de recherche et leur financement soient dictés par l'émotion, si légitime soit-elle.