Supplément au mensuel n°575 de mai 2009 : Pour nos métiers, poursuivre l'action !

Publié le : 30/05/2009

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Pour nos métiers, poursuivre l’action !

  • par Stéphane Tassel, secrétaire général du SNESUP

Dans les universités s’est développée une mobilisation inédite tant dans la durée ou l’intensité que dans son unité. Elle traduit le refus – exprimé par le SNESUP dès l’été 2007 – des contre-réformes entamées avec l’adoption, dans le prolongement du « pacte recherche » de 2005, de la loi LRU. Présentée comme la priorité du quinquennat de N. Sarkozy, celle-ci s’inscrit dans un processus de déstructuration en profondeur du service public d’enseignement supérieur et de recherche.

L’empilement des décrets de mise en oeuvre des principes de la loi LRU s’est produit à un rythme accéléré : décret électoral, décret « comité de sélection », avec pour point d’orgue le décret « enseignant-chercheur », publié le même jour (25/04/2009) que les décrets « CNU », « contrat doctoral » et « classement ».

Dans le même temps, le gouvernement engage le processus de démantèlement des organismes de recherche et, en juillet 2008, une modification profonde de la formation et du recrutement des professeurs des premier et second degrés. Alors que le budget 2008 ne présentait aucune création d’emploi – situation inédite depuis 15 ans –, celui de 2009 créa la stupeur en prévoyant plus de 1 000 suppressions d’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche.

La pression a conduit le gouvernement à alterner provocations et concessions et, en fin de compte, à reculer par rapport à ses visées initiales. Le retour d’un financement – certes insuffisant et générateur de précarité – des emplois 2009 et l’annonce du gel des suppressions d’emplois pour 2010-2011 dans l’enseignement supérieur ; la restitution d’emplois associés aux chaires mixtes dans les organismes de recherche ; les modifications du projet initial de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs, redonnant la main au CNU sur les promotions et les CRCT(1) et améliorant les carrières des MCF (début) et des professeurs ; la publication de la circulaire d’application de ce décret revenant sur la conception initiale de la modulation de service ; la prise en compte dans la carrière des activités doctorales et post-doctorales ; l’annonce du maintien pour 2010 des mêmes épreuves de concours de recrutement des enseignants de premier et second degré qu’en 2009 et l’ouverture des inscriptions en IUFM sont autant d’accrocs à la politique gouvernementale, à mettre au crédit de plus de trois mois d’une exceptionnelle mobilisation.

Les orientations de la loi LRU et du Pacte recherche

Mais c’est le fond des orientations portées par la loi LRU et le Pacte Recherche qui est en cause : les changements quant à la formation, le recrutement, l’exercice des missions, l’évaluation, le déroulement de carrière impacteront en profondeur le service public d’enseignement supérieur et de recherche. Outils d’un pilotage autoritaire et bureaucratique, ces modifications remettent en cause les libertés académiques et pédagogiques des enseignants, l’esprit de coopération au profit d’une mise en concurrence stérile des établissements, des équipes, des collègues. Rompant avec les différentes formes de régulations fondées sur la collégialité et l’élection, le localisme donne des pouvoirs exorbitants aux présidents-managers d’universités.

En même temps que notre refus de ces mesures, nous devons avancer nos propositions pour :

  • Assurer le retour de la collégialité dans le fonctionnement de l’université et rompre avec les possibilités offertes aux présidents d’intervenir sur les recrutements et les déroulements de carrière.
  • Garantir les libertés scientifiques ou pédagogiques et le droit à la recherche.
  • Assurer les régulations nécessaires à l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire.
  • Obtenir une évaluation formative transparente replacée dans le cadre préalable de l’évaluation d’une équipe.
  • Éradiquer la précarité et garantir les droits sociaux des doctorants.

Le SNESUP appelle à poursuivre l’action pour la défense du service public d’enseignement supérieur et de recherche et pour nos revendications solidaires. Au-delà des batailles que nous avons déjà menées et de celles que nous continuerons d’engager, le dynamisme des sections syndicales SNESUP et des élus locaux sera en première ligne pour la défense des collègues et de leurs conditions d’exercice. Le SNESUP et ses élus au CNU pèseront pour que cette instance ne mette pas en oeuvre une conception restrictive de la pratique de la recherche.

Au-delà, notre capacité à résister, dans la durée et avec le soutien de l’opinion, est porteuse des germes à même d’impulser un tout autre cadre législatif, garant d’un service public d’enseignement et de recherche unifié et diversifié, permettant l’accès aux études du plus grand nombre, et fondé sur la collégialité et la réponse aux besoins de société.

(1) CRCT : Congés pour Recherche et Conversion Thématique.