UNIVERSITÉ DE STRASBOURG : les étudiants étrangers, boucs émissaires de la crise budgétaire des universités
L’accès aux études supérieures pour les étudiant·es internationaux·ales est-il en train de se « gentrifier » ? De fait, se met en place un système d’exclusion des classes les plus défavorisées au profit des seules classes supérieures, c’est-à-dire des étudiant·es étranger·ères les plus aisé·es, et issu·es des pays les moins pauvres. En exigeant des étudiant·es extracommunautaires près de 4 000 euros pour s’inscrire en master, le dispositif Bienvenue en France, créé en 2018 par le gouvernement d’Édouard Philippe, est devenu un instrument de discrimination financière des étranger·ères non communautaires. Nous avons désormais la preuve concrète des conséquences catastrophiques de ce système à l’université de Strasbourg (Unistra).
Depuis la rentrée 2024, l’Unistra applique aux étudiant·es extracommunautaires s’inscrivant pour la première fois en master des droits à hauteur de 3 879 euros, soit 16 fois plus que le montant applicable aux étudiant·es français·es et de l’UE. Le syndicat L’Alternative étudiante Strasbourg (AES) a reçu de nombreux témoignages d’étudiant·es désemparé·es, non informé·es et incapables de payer les échéances. Près de 500 étudiant·es sont soumis à cette augmentation. Une pétition a été lancée par l’AES, signée par l’intersyndicale, des député·es et un millier de personnes*. Les élu·es se sont fortement mobilisé·es pour que le conseil d’administration du 17 décembre revienne sur l’application de cette augmentation. En vain : le président, Michel Deneken, n’a pas donné suite à la demande. Il a uniquement consenti à suspendre les prélèvements du mois de janvier pour les étudiant·es les plus précaires. L’argument est toujours le même. En période de crise financière, l’université aurait impérativement besoin des 200 000 euros que rapporteront les droits d’inscription des étudiant·es les plus précaires de notre planète. Une honte !
Le si mal nommé Bienvenue en France est bien un outil de ségrégation financière, sociale et raciale. Pour les étudiant·es non communautaires, le système capitaliste a transformé les études supérieures en un produit de luxe. Le comble de l’ironie est que nos universités n’ont jamais été aussi pauvres.
Rim Ayari-Heyd et Pascal Maillard, membres du bureau de la section du SNESUP-FSU de l’université de Strasbourg