La science peut-elle être neutre ?

Publié le 16 avril 2025

Qu’entendent-ils neutraliser ? L’institution universitaire, les capacités de production et de diffusion du savoir, l’expression des enseignants-chercheurs et plus généralement des enseignants du supérieur ? La multiplication des injonctions à la neutralité sonne comme autant d’entraves aux activités des universitaires, de tentatives de prise en main des universités et de limitation de la liberté académique.

Dans un contexte d’attaques des universitaires sans équivalent contemporain, les objectifs de ce dossier sont de clarifier les conceptions et les principes des neutralités, et de mettre en perspective les enjeux pour la science quand les obscurantismes gagnent du terrain. Les articles font le choix d’entrer dans la complexité des concepts de neutralité dans le cadre français non sans oublier de porter un éclairage actuel et lucide sur le projet trumpiste de « convertir l’enseignement supérieur en une usine de production de patriotes loyaux envers le régime au pouvoir ». Ce dossier aborde l’instrumentalisation conservatrice de la neutralité institutionnelle pourtant aux fondements de notre défense de la liberté académique. Un travail de clarification sémantique et historique aborde singulièrement la place de l’engagement dans le travail scientifique.

L’obligation de neutralité des enseignants-chercheurs est fortement réduite pour ce qui les concerne, du fait de leurs statuts protecteurs. Les enseignants-chercheurs, pour ce qui touche aux exigences universitaires, ne sauraient relever des juridictions de droit commun mais du Cneser statuant en matière disciplinaire. Les attaques successives dont cette juridiction fait l’objet s’inscrivent dans une offensive brutale contre la liberté académique.

Jean Jaurès écrivait dans la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur, le 4 octobre 1908, en ouverture d’un article intitulé « Neutralité et impartialité » : “La plus perfide manoeuvre du parti clérical, des ennemis de l’école laïque, c’est de la rappeler à ce qu’ils appellent la “neutralité”, et de la condamner par là à n’avoir ni doctrine, ni pensée, ni efficacité intellectuelle et morale. En fait, il n’y a que le néant qui soit neutre.”

Le sujet est grave ! Les cinq articles posent des bases de réflexion sur ce qui fonde nos missions et par conséquent sur le rôle de l’université dans et pour la société.

Bonne lecture !

Dossier coordonné par JEAN-MICHEL MINOVEZ et STÉPHANE TASSEL