Que cache l’approche par compétences ?
Ces dernières années, l’approche par compétences (APC) tend à s’imposer très largement dans les référentiels des systèmes éducatifs européens, et ce malgré le flou autour du concept de « compétence », régulièrement remis en cause. L’APC ne désigne pas seulement un certain mode de conception de l’enseignement, mais également une méthode d’élaboration des curricula conduisant aux diplômes.
En France, à la suite de la loi de juillet 2019 pour une école de la confiance, les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ), puis les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPÉ) ont été les premiers à recevoir l’injonction de construire de nouvelles maquettes de masters dans la logique de l’APC.
Ce fut ensuite très rapidement au tour des IUT, à la rentrée 2021, qui, à la faveur de la transformation des diplômes universitaires de technologie (DUT) en deux ans en licence professionnelle bachelor universitaire de technologie (BUT) en trois ans, ont dû repenser l’ensemble de leurs formations dans cette même logique. Dans les deux cas, le travail a dû être fait dans l’urgence et les maquettes construites sans réflexion préalable sur le contenu des formations.
L’APC a désormais essaimé dans l’ensemble des formations universitaires. Preuve encore du renforcement de l’injonction ministérielle, depuis la vague E (2024-2025), sa mise en oeuvre est devenue un critère d’accréditation “ systématiquement évalué” par le Hcéres aux niveaux de l’établissement et des formations.
Le secteur Formation a donc décidé de proposer, presque trois ans après la journée d’étude de 2022*, un premier retour sur la mise en place de l’APC dans les universités à travers les trois premiers articles du dossier, puis, dans les deux derniers, de s’interroger sur le modèle de transmission des savoirs qu’elle contribue à diffuser et d’ouvrir sur de possibles résistances à construire.
Dossier coordonné par SYLVIE BÉPOIX et LAURENCE MAUREL
