S’emparer des enjeux budgétaires
Après que le projet de loi de finances du gouvernement Barnier a été rejeté par l'Assemblée nationale et qu’un nouveau gouvernement a été constitué sur proposition du président de la République, Emmanuel Macron, le budget 2025 de l’État revient au Parlement en ce début d’année civile.
Le nouveau gouvernement Bayrou a choisi de ne pas remettre en cause l’ensemble du projet de loi de finances tel qu’il était parvenu au Sénat en décembre : peu de modifications du texte sont donc à attendre ou à espérer. Cependant, pour le programme « Formations supérieures et recherche universitaire », qui nous concerne plus particulièrement, notre nouveau ministre, Philippe Baptiste, assure qu’il va batailler pour que soient financées, en 2025, les augmentations décidées par le gouvernement : hausse des cotisations employeur pour les retraites (CAS pensions) ; impact des mesures de revalorisation du point d’indice en 2022 et 2023 ; évolution de la masse salariale (glissement vieillesse technicité) ; trajectoire de la LPR. C’est donc une augmentation de notre budget de 865 millions d’euros qui est promise au lieu des maigres 98 millions accordés par le précédent gouvernement en sus du budget très insuffisant de 2024.
En effet, l’année 2024 a vu 80 % des universités finir en déficit non sans avoir dû mobiliser en moyenne près de la moitié de leurs économies. Comme nous l’avions annoncé dans le mensuel de décembre 2024-janvier 2025, à ce rythme de sous-financement, tous les fonds de roulement seront siphonnés en 2025 et plusieurs établissements seront en cessation de paiement ou devront mettre en oeuvre des programmes d’austérité drastiques.
Nous avons souhaité rappeler dans ce dossier* que la construction d’un budget est un acte avant tout politique et expliquer les différentes étapes de son élaboration au niveau national comme à celui des établissements. Puisse ce dossier permettre à chacune et à chacun de s’emparer des enjeux budgétaires afin de construire les mobilisations et rapports de force qui permettront de faire reconnaître la nécessité d’investir pour la recherche et l’enseignement supérieur publics, non pas 80 ou 800 millions d’euros, mais 8 milliards supplémentaires, et ce dès cette année ! n
Dossier coordonné par Michèle ARTAUD et Hervé CHRISTOFOL