Quel avenir pour l’enseignement supérieur et la recherche ?
Le 7 décembre 2023, Emmanuel Macron traçait, dans un discours plein de morgue et d’arrogance, les lignes de la feuille de route des dix-huit prochains mois pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR). Dans la continuité des politiques menées depuis 2007 et la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), et en écho aux demandes pressantes de certain·es président·es d’université, il annonçait un « acte II de l’autonomie » des universités. Dans une démarche centralisatrice et hors de tout cadrage réglementaire, il propose notamment de remettre en cause les statuts des personnels, qu’il accuse d’être des freins à la recherche qu’il n’envisage par ailleurs que par l’angle de l’innovation ou de la rupture, de renforcer le rôle des évaluations, de donner un pouvoir croissant aux universités en matière de recherche aux dépens des organismes de recherche, dont le rôle pourrait être réduit à celui d’agence de programmes, etc.
À cette occasion, il nous paraît indispensable de tirer le bilan des décennies consacrant l’« acte II de l’autonomie » des universités : quel est l’état de l’ESR en 2024 en termes de financements, de conditions de travail et d’études, d’accès aux formations, de liberté de recherche, de démocratie, d’égalité ? La situation actuelle nous permet d’évaluer où nous en sommes des objectifs de création du marché européen des connaissances, de la restriction au minimum de la fonction publique, de la libéralisation/dérégulation des statuts, des financements, et de l’offre de formation.
À travers les différents articles qui suivent, nous tentons de mettre en perspective ce que pourrait devenir l’ESR si nous ne trouvons pas les forces de résister au projet d’Emmanuel Macron et de l’ultralibéralisme : un ESR public réduit au profit des formations privées, une sélection (tri social) renforcée à l’entrée de l’université, des thématiques de recherche imposées à finalités d’innovation technologique, des droits d’inscription fixés par chaque établissement…
Dossier coordonné par Caroline MAURIAT et Anne ROGER