Edito : Enseignement supérieur et recherche, affronter la lame de fond
Le 7 mars dernier, des milliers de manifestant·es se sont mobilisé·es aux États-Unis et dans le monde entier derrière le slogan « Stand Up for Science », pour dénoncer les coups portés à la recherche et aux universités américaines par la politique de Trump. Ces derniers jours, un nouveau seuil a été franchi. Les coupes budgétaires se sont multipliées et des institutions renommées, symboles d’une certaine « excellence » américaine, telles que la NASA, les universités Johns-Hopkins, Harvard, Stanford ou Columbia, sont touchées. Comme d’autres, elles se voient dans l’obligation de licencier massivement des chercheur·ses et de stopper le financement de certains programmes de recherche. S’ajoutent à ces saignées budgétaires, l’élimination pure et simple de revues scientifiques ou de données numériques issues de la recherche, ou encore l’interdiction de certains mots qui dérangent, tels « climat », « diversité », « femmes »… parce que potentiellement leviers de questionnement et de remise en cause de l’ordre établi. C’est un séisme dont les ondes secouent toute la planète et ouvrent une brèche béante à l’obscurantisme le plus sombre bien au-delà des seuls États-Unis.
En France, la condamnation de cette politique a été quasi unanime. Ceux-là même qui depuis des années contribuent à l’éclatement de l’enseignement supérieur et de la recherche et à l’asphyxie budgétaire, ceux-là même qui n’ont pas manqué de faire des procès en islamo-gauchisme ou en laxisme face à l’antisémitisme, tous ou presque n’ont pas manqué d’exprimer leur émoi et leur indignation, par ailleurs légitimes, face à la situation, invisibilisant les mobilisations en cours dans nombre d’universités et d’organismes de recherche en France.
Pourtant, la situation financière de beaucoup d’universités est désastreuse et les conséquences des plans de retour à l’équilibre financier sont déjà bien visibles. Les alertes successives des organisations syndicales et même celles des président·es d’université n’ont donné lieu à aucun arbitrage budgétaire susceptible d’envisager l’avenir sereinement. La volonté politique d’asservir les formations supérieures et la recherche aux besoins immédiats de l’économie capitaliste et de brider leur potentiel émancipateur ne cesse de devenir plus évidente. Il est plus que jamais nécessaire que nous défendions l’absolue nécessité, pour la démocratie, de l’appropriation collective des savoirs comme bien commun et facteur de progrès social.
Face à cette lame de fond à laquelle font face l’université et la recherche publiques, et plus largement l’éducation, un seul mot d'ordre : mobilisons-nous, avec l’ensemble des forces progressistes et le mouvement syndical, dans l’unité !
