L'édito : L’austérité n’est pas une fatalité

Publié le 18 septembre 2024

Le 5 septembre dernier, après plus de soixante jours d’intérim assurés par un gouvernement démissionnaire, un premier ministre était nommé. Issu des rangs d’un parti arrivé en queue de peloton aux élections législatives, et adoubé par le Rassemblement national, Michel Barnier marque un nouveau virage à droite avec au moins une certitude : tant que son gouvernement (qu’il tarde à dévoiler) sera aux manettes, l’orientation générale de la politique pour l’ESR ne devrait pas changer et pourrait même être renforcée. Acte II de l’autonomie des universités, simplification avec les organismes de recherche, restriction des campagnes d’emploi, dérégulation des formations et de la recherche, développement des formations privées et de l’apprentissage : la feuille de route est toute tracée. Reste à trouver le chef ou la cheffe de chantier… pacotille !

Par ailleurs, alors que le nombre d’universités en déficit était de 30 en 2023 et 15 en 2022, il pourrait monter à 60 en 2024 ! Une nouvelle fois, même France Universités tire la sonnette d’alarme. Avec l’annonce d’une diminution de 500 millions d’euros du budget alloué à la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur (Mires), qui pourrait même s’aggraver au cours des travaux parlementaires, on est bien loin des 8 milliards manquants pour accueillir toutes et tous les bacheliers et bachelières dans l’enseignement supérieur public, permettre leur poursuite d’études et développer une recherche de qualité, indépendante de tout lobby.

Le projet de loi de finances 2025 ne peut évacuer ces questions qui concernent une grande partie de la jeunesse et l’avenir de notre pays. Le premier ministre présentera ce projet avec du retard et nul doute que son adoption ne sera pas un long fleuve tranquille. Plus que jamais, l’ESR doit être considéré comme un investissement et non comme une variable d’ajustement d’un budget de l’État déficitaire.

D’autres choix sont possibles. Pesons dès maintenant pour être entendu·es.

par Anne Roger et Caroline Mauriat, cosecrétaires générales

Image
Anne Roger & Caroline Mauriat