Vous avez dit démocratie universitaire ? L'édito du mensuel Le Snesup N°728
La décision rendue par vos instances ne vous convient pas ? Pas de souci, revotez jusqu’à obtention d’un résultat conforme à votre volonté ! C’est ce qu’il s’est passé à Toulouse, sous le regard bienveillant du ministre, sur le projet de dissolution de la Comue expérimentale et de constitution de l’EPE autour de l’université Toulouse-III.
Alors que la Comue expérimentale université de Toulouse est appelée à disparaître, un certain nombre de chercheurs et de chercheuses se sont ému·es de la disparition de la « marque » université de Toulouse et ont souhaité qu’elle soit reprise par l’EPE naissant autour de Toulouse-III. Cette idée a été soumise aux différents conseils d’administration concernés, et celui de l’EPE Toulouse-Capitole a voté contre cette décision. Loin de prendre en compte cette décision et de chercher à la comprendre, diverses pressions ont eu lieu, dont certaines de la part de la région, du CNRS, de la ville et de la métropole, pour faire revoter l’EPE Toulouse-Capitole « dans le bon sens »… Pressions qui ont abouti, au mépris le plus total de la démocratie universitaire la plus élémentaire. Pire : le ministre en visite à Toulouse s’en est réjoui et a salué dans la presse spécialisée « le sens des responsabilités de celles et ceux qui ont permis que cela se fasse sans l’intervention du ministre », et il a ajouté : « Toulouse ne pourra que s’en réjouir dans le futur. » Au diable donc les instances qui manquent de souplesse et qui empêchent de tourner rond ! Au diable le respect des règles démocratiques !
C’est le même, alors Dgesip, qui a porté avec Valérie Pécresse la loi dite « LRU », qui renforce le pouvoir des président·es dans les conseils par le biais de la prime majoritaire dans les collèges des enseignant·es-chercheur·ses au CA. Le même, aujourd’hui ministre, qui insiste sur l’autonomie des universités, qui enjoint aux personnels d’être neutres, en redéfinissant la neutralité comme il l’entend, et qui se dit attaché aux libertés académiques à condition qu’elles soient conformes à ses idées.
Ayons confiance, donc, la démocratie paraît être entre de bonnes mains…
Le SNESUP-FSU réaffirme son attachement à la démocratie, qui est au fondement de nos universités, et rappelle qu’elle ne saurait être remise en cause par un coup de baguette magique d’un apprenti sorcier, fût-il ministre. Le rôle du ministre n’est pas de faire passer en force des projets que des élu·es des établissements ont rejetés dans des instances élues et statutaires, mais de faire respecter les décisions prises. Le SNESUP-FSU continuera à agir contre ces attaques violentes et inacceptables, pour le respect des droits des personnels et du fonctionnement démocratique à l’université.
Par Anne ROGER et Caroline MAURIAT, co-secrétaires générales