L’UPEC, université engagée… à contre-sens - Communiqué de l'intersyndicale de l'Université Paris-Est-Créteil, 13 février 2022

Publié le : 22/02/2022

 

Communiqué de l'intersyndicale de l'Université Paris-Est-Créteil (SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, FO, SGEN-CFDT, CGT, SNALC)

 

 L’UPEC, université engagée… à contre-sens

 

        Alors que le Président se répand dans la presse en déclinant sa communication autour du motif de « l’UPEC, université engagée », les méthodes de l’équipe de direction marquent surtout un engagement dans le mépris pour les représentants élus des conseils centraux, leurs prérogatives et leurs votes. Trois décisions choquantes prises en ce début d’année illustrent cette dérive inquiétante.      

 

       1) Chaires de Professeurs juniors : le reniement sans vergogne

Le 12 juillet 2021, la Commission Recherche de l’UPEC a voté à l’unanimité (donc présidence comprise) une motion déclarant son soutien au Conseil National des Universités et dénonçant les dispositifs créés par la LPR (Chaires de professeur junior, dérogations à la qualification par le CNU et contrats de mission) comme contraires au principe universitaire d’évaluation nationale par les pairs. Elle demandait en conclusion « que l’établissement ne recoure à aucun de ces trois dispositifs ». Le 25 octobre, répondant positivement à un courrier adressé aux instances de l’UPEC par les élus CNU de l’UPEC, le Conseil Académique restreint a voté, toujours à l’unanimité (donc équipe présidentielle comprise) une motion allant dans le même sens.

A peine deux mois après ces votes, la présidence lançait un appel à candidature pour la création de chaires de Professeurs junior (CPJ) à l’UPEC au prétexte qu’il s’agissait de « consulter les laboratoires ». En dépit d’un nouvel appel à respecter ses propres motions, lancé par les élus CNU, et relayé dans les instances par les élus des listes « Pour l’UPEC », l’équipe présidentielle n’a pas hésité à se renier, en faisant l’exact contraire de ce qu’elle avait proclamé : elle a fait voter et obtenu à une courte majorité relative (15 voix pour, 10 voix contre, 3 abstentions, 4 non exprimés) la création de 4 « Chaires de Professeurs juniors » (2 en Médecine - IMRB ; 2 en FST – LAMA et ICMPE).

Dans cette affaire, la présidence n’a même pas respecté sa propre justification : sur les 33 laboratoires de l’UPEC, seuls 5 ont répondu à l’appel, beaucoup ont, naturellement ou après un vote écrasant, choisi de suivre l’appel du CNU et les motions de l’UPEC... S’il s’agissait de « consulter » les labos, la réponse était claire : c’était non aux CPJ ! Après cela, quel crédit pourra-t-on accorder à la parole de l’équipe dirigeante de l’UPEC ?

 

           2) Repyramidage : le fait du Prince sans aucune consultation des conseils

Le ministère, pour faire passer l’amère pilule de la LPR, a attribué à chaque université un contingent de postes de « repyramidage » permettant la transformation de postes de MCf en PU dans les sections les moins dotées en PU. Au cours du même CA du 28 janvier, la présidence a fait voter la liste des sections qui bénéficieront de ce repyramidage à l'UPEC. Or ni la méthode de sélection des sections, ni la liste des heureux élus n’ont fait l’objet de la moindre consultation du Comité Technique (normalement consulté sur toutes les questions de RH) ou du Conseil Académique (fondé à définir les critères de sélection et à en déduire la liste finale).

A « l'UPEC, Université Engagée », l'arbitraire et le présidentialisme local que nous promettait la LPR sont d’ores et déjà une réalité, assumée sans fard par l’équipe de direction.

Le comble de cette « nouvelle gouvernance » a sans doute été atteint en séance lorsque le Président et son vice-Président ont justifié leurs arbitrages par le fait d’avoir "tenu compte de la qualité des MCf HDR candidats potentiels dans chacune des sections" !... Pourquoi s’embarrasser de commissions de spécialistes disciplinaires quand le Président et son VP peuvent sans difficulté les remplacer !...

 

     3) Campagne de postes 2022 : le piétinement du vote des conseils

Le 26 novembre 2021, le CA de l'UPEC a approuvé, comme chaque année, une liste précise de répartition des postes d'enseignants-chercheurs, correspondant à des grades, des profils, rattachés à des sections CNU, des composantes et des laboratoires. Ces postes ont été présentés en séance dans un tableau qui mentionnait les arbitrages. 

Or, au mépris des dispositions du Code de l'Education, la présidence de l’UPEC a décidé de ne pas publier l'un des postes votés, et d'en publier deux autres qui, eux, n'ont pas été votés, par les instances. Interrogé sur ce point, l’équipe présidentielle assume le fait du Prince, une fois encore au mépris du travail et des avis des conseils centraux.

Rappelons en effet que le Code de l'Education établit que le CT d'une université doit être consulté sur les postes qui seront publiés en campagne d'emplois, c'est-à-dire que celui-ci doit voter un avis sur ces publications de postes et pas seulement en être "informé". C'est ensuite le CA de l'université (art. L 712-3) qui par sa délibération "fixe la répartition des postes sur proposition du président et dans le respect des priorités nationales, la répartition des emplois qui lui sont alloués par les ministres compétents". 

Le président de l'UPEC est lié par la délibération du CA, il ne peut en modifier les dispositions après coup. Il est urgent que la présidence respecte les procédures et se remette en conformité avec les dispositions légales du Code de l'Education.

 

L’Intersyndicale de l’UPEC dénonce ces méthodes qui, à l’opposé des « belles paroles » de la communication officielle de l’UPEC, portent atteinte à la démocratie universitaire, augurant mal de l’usage qui sera désormais fait des « nouveaux pouvoirs » donnés aux Présidents d’Université. Elle rappelle à la Présidence qu’elle a été élue dans un système « représentatif » et non nommée (ou pas encore !) par le Ministère ni par des actionnaires. Elle l’invite en conséquence à respecter toutes les instances consultatives et décisionnaires de l’Université.